En s’arrêtant sur son parcours, on pourrait croire que Carolyn McCall a suivi les conseils d’une autre femme d’affaires : Sheryl Sandberg, numéro deux de Facebook. Portrait d’une femme de pouvoir qui ose et assume.
Des origines éloignées de l’aviation
Née en Inde d’un père écossais et d’une mère irlandaise, Carolyn McCall est la fille unique du couple alors installé à Bangalore. Scolarisée en Inde puis à Singapour, elle obtiendra sa licence en histoire et sciences politiques à l’Université du Kent.
En 1982, elle devient enseignante au Holland Park School de Londres. A partir de 1986, Carolyn McCall débute sa carrière dans le secteur de la presse et obtient différents postes au sein du groupe Guardian Media, dont elle devient PDG en 2006.
Première femme au monde à diriger une compagnie aérienne
Mariée et mère de trois enfants, Carolyn McCall devient PDG d’Easyjet en 2010. Première femme au monde à diriger une compagnie aérienne, elle parvient en deux exercices à amplifier l’activité de la compagnie, à diversifier la clientèle, à gérer les problèmes de retard et à atteindre près de quatre milliards de livre sterling de chiffre d’affaires.
En 2011 et 2012, Easyjet est nommée meilleure compagnie aérienne « low cost ».
Une main de fer dans un gant de velours
Pour obtenir ces résultats, Carolyn Mc Call a dû imposer sa vision de la compagnie et son mode de gestion. A son arrivée à la tête d’easyJet en 2010, la direction était déjà en conflit avec son fondateur et actionnaire principal, Stelios Haji-Ioannou. Cette atmosphère coûtait cher à la compagnie : démotivation des équipes, retards, satisfaction clients au plus bas. Elle a imposé les méthodes qui lui avaient permis de redresser le Guardian : organisation stricte mais simplifiée, communication permanente et transparente, implication des équipes. Elle a également remis en cause ce qui était considéré comme les fondements du modèle low-cost et décidé de focaliser les actions de la compagnie pour attirer les voyageurs d’affaires, améliorant les services et par là fidélisant les voyageurs et développant les recettes auxiliaires. C’est elle également qui a initié l’abandon de la non-attribution des sièges, source de stress pour les passagers et les équipages et qui ralentissait l’embarquement.
Accessible, chaleureuse et posée, elle sait aussi faire preuve de fermeté et ne se laisse pas intimider par les attaques. Comme celles de Stelios Haji-Ioannou en 2013 au sujet de sa rémunération et d’une nouvelle commande de 135 Airbus, à laquelle il était totalement opposé, estimant que la compagnie devait donner la priorité à l’amélioration de sa rentabilité plutôt qu’à sa croissance. Mais la vision de Carolyn Mc Call, aller à contre-courant des compagnies européennes en repli sur le moyen-courrier, s’est imposée.
Et même un environnement aussi difficile que celui qui règne actuellement ne laisse pas de place au doute. En France par exemple, Easyjet ouvre pas moins de 16 nouvelles lignes cette année, et Carolyn McCall montre qu’elle ne cède en aucun cas à une potentielle peur. « Les attaques de Paris et de Nice ont brutalement fait chuter la demande dans un premier temps, mais, si on la stimule en baissant les prix, elle repart très vite. » Elle précise que l’augmentation des capacités est « un engagement fort vis-à-vis de la France et un signe de confiance ». Quant aux conséquences du Brexit, Carolyn McCall souhaite les anticiper : « nous travaillons depuis près d’un an sur une alternative au cas où la libre circulation ne serait plus assurée. »
Des distinctions notables
Carolyn McCall est Officier de l’Ordre de l’Empire Britannique pour les services rendus aux femmes d’affaires. Elle a également reçu en 2008 le prix « Veuve Clicquot » de la femme d’affaires de l’année. En 2013, elle est désignée comme l’une des 100 femmes les plus puissantes du Royaume-Uni. Un doctorat en sciences Honoris Causa lui a même été remis par l’Université Cranfield pour distinguer ses actions remarquables au service de l’industrie aérospatiale et à l’échelle des affaires internationales.
Carolyn McCall est aussi particulièrement appréciée au sein de l’hexagone. Elle confiait en 2016 au Journal de l’Aviation que « nous pensons que la France est un marché très attractif. Nous sommes la deuxième compagnie aérienne en France, nous avons de nombreuses liaisons domestiques, beaucoup de routes internationales. En fait, je pense que les Français nous aiment. » Carolyn McCall a été décorée de la Légion d’Honneur par Sylvie Bermann, l’Ambassadeur de France au Royaume-Uni le jeudi 13 octobre 2016. A cette occasion, le PDG dira : « c’est un honneur pour Easyjet et notre équipe française. Easyjet est engagé envers la France et nous continuerons de connecter des millions de passagers à destination de la France. »
De gauche à droite, Willie Walsh, PDG d’International Airlines Group, Alexandre de Juniac, ex PDG d'Air France-KLM, Carolyn McCall, Directrice Générale d’EasyJet, Carsten Spohr, PDG de Lufthansa et Michael O'Leary, CEO de Ryanair.