Fin de la mêlée autour du dépeçage d'Air Berlin


AFP
| 15/09/2017 | 880 mots | AEROCONTACT | TRANSPORT AÉRIEN

Lufthansa, Ryanair, une légende de la F1 et un magnat bavarois: qui reprendra Air Berlin ? La compagnie allemande en déconfiture, ébranlée par une vague "d'arrêts maladie" de ses pilotes, met fin vendredi aux enchères.

Après un mois de poker menteur entre les nombreux prétendants d'Air Berlin, la période d'appel d'offres sera close vendredi à 12H00 GMT. Air Berlin annoncera ensuite des "décisions concrètes" le 25 septembre, le lendemain des élections générales allemandes. D'ici là elle ne compte rien laisser filtrer.

Lâchée par son principal actionnaire, la compagnie du Golfe Etihad, Air Berlin avait engagé une procédure d'insolvabilité à la mi-août et donné à ses repreneurs potentiels un mois pour soumettre leurs offres de rachat de ses principaux actifs.

L'enjeu: 140 avions en leasing et de précieux créneaux de décollage et atterrissage en Allemagne.

"Pour des raisons de concurrence, une compagnie ne peut pas acheter seule Air Berlin", avait averti en août la ministre allemande de l'Économie, Brigitte Zypries, donnant le coup d'envoi de la bataille.

Favorite, la première compagnie aérienne allemande Lufthansa, qui loue déjà 38 de ses avions pour sa filiale à bas-coût Eurowings (ex Germanwings), pourrait en louer jusqu'à 90, selon la presse.

Mais ce géant de l'aviation est la première compagnie allemande, quand Air Berlin est la deuxième: les autres candidats à la reprise dénoncent donc une tentative d'OPA de Lufthansa sur le ciel allemand.

- Action surprise -

Le patron de la compagnie low-cost irlandaise Ryanair, Michael O'Leary a même convoqué la presse avec fracas à Berlin pour renoncer à entrer dans la course, s'estimant victime d'un "coup monté" allemand. Mais certains observateurs estiment qu'il pourrait bluffer.

Également sur les rangs, les investisseurs allemands Hans Rudolf Wöhrl et Utz Classen, qui ont fait respectivement des offres de rachat avec versement immédiat de 500 et 100 millions d'euros pour l'acquisition de la compagnie dans son intégralité.

L'Autrichien Niki Lauda, ancien champion du monde de Formule 1, a annoncé mercredi s'associer avec le groupe Thomas Cook pour racheter à hauteur de 100 millions d'euros 38 avions d'Air Berlin, ainsi que les appareils de sa filiale qui portent déjà son prénom.

Les noms d'Easyjet, TUI, propriétaire de la compagnie TUIfly, et de Jonathan Pang, le propriétaire chinois de l'important aéroport de fret allemand de Parchim (nord-est), sont également évoqués par les médias.

Air Berlin n'a pas attendu la date-limite du 15 septembre pour négocier avec ces candidats, a laissé entendre dans la presse le patron de la compagnie en sursis, Thomas Winkelmann, un ancien de Lufthansa.

Alors que ces négociations entraient en phase finale, il a dû faire face mardi à une action surprise des pilotes, qui se sont soudain massivement déclarés en arrêt maladie. Environ 200 vols ont dû être annulés mardi, et 9.000 passagers furieux priés de rester chez eux en attendant de savoir s'ils seront ou non remboursés.

- Liquidation ? -

"Cela s'appelle jouer avec le feu, cela nous coûte plusieurs millions d'euros", s'est emporté Thomas Winkelmann, criant au sabotage.

"On parle toujours de l'avenir économique d'Air Berlin, et pas de celui de ses 8.000 employés (...) l'avenir de familles entières est menacé", a protesté Christine Behle, représentante du syndicat Verdi, n'excluant pas que "d'autres employés se déclarent également en arrêt maladie".

C'est le scénario le plus redouté par la direction et l'administrateur judiciaire d'Air Berlin: une liquidation pure et simple de la compagnie, insolvable et qui vole pour l'instant sur la réserve.

Le gouvernement allemand a en effet consenti une aide d'urgence de 150 millions d'euros pour permettre pendant trois mois le maintien des vols d'Air Berlin, dont ses populaires liaisons vers Majorque, la destination espagnole adorée des Allemands.

Ce coup de pouce du gouvernement de la chancelière Angela Merkel, au coeur de l'été et à quelques semaines des élections, a évité de gâcher les vacances de millions d'Allemands.

Air Berlin, qui a transporté en 2016 près de 36 millions de passagers, a déjà renoncé à une grande partie de ses liaisons long-courriers vers l'Amérique du nord et les Caraïbes, mais assure sur son site que ses autres vols seront maintenus.

dar/cfe/az/pre


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