OSAC recherche des inspecteurs du ciel
© Inspecteur OSAC

OSAC recherche des inspecteurs du ciel


Marie CHRISTOPHE
| 21/09/2017 | 2584 mots | AEROCONTACT | INDUSTRIE TECHNOLOGIE

En aéronautique, la sécurité est un élément clé. Filiale du Groupe Apave, l’OSAC (Organisme pour la Sécurité de l’Aviation Civile) honore actuellement son deuxième mandat et fait office d’autorité pour la navigabilité des aéronefs. Nous avons échangé avec un trio émérite, dynamique et passionné dont les actions depuis 7 ans ont bousculé le métier et les pratiques au service des usagers. Entretien avec Messieurs Jean-Marc de Raffin Dourny et Xavier Fisset, respectivement Président et Directeur Administratif et Financier de la SAS.

Quelles sont les activités d’OSAC ?

OSAC est habilitée par arrêté ministériel pour exercer des missions de surveillance de la navigabilité des aéronefs soit en tant que partie de l’autorité en France soit pour des organismes extérieurs avec l’autorisation de la DGAC. Nous auditons des sociétés et les surveillons pour délivrer tous les documents de navigabilité, c’est à dire les agréments de production, de maintenance et les documents de navigabilité des avions. Nous surveillons notamment des sociétés de construction, constructeurs d’avions, équipementiers, des sous-traitants, les sociétés de maintenance d’avions, les aéroclubs, les écoles de formation de mécaniciens.

OSAC est une SAS dont l’actionnaire unique est le groupe Apave. Nous nous sommes créés en 2010, et avons été retenus suite à un appel d’offres de la DGAC pour cette mission, mission qui a été renouvelée il y a un an pour 6 ans. Le Groupe Apave avait donc été habilité par la DGAC en demandant de créer une société ad hoc. Nous avions proposé à l’époque une approche sur trois axes :

  • Un premier axe qui était d’améliorer la surveillance : nous faisons de la surveillance de la conformité à la réglementation européenne qui est la réglementation qui s’applique en France. La surveillance de conformité a une raison qui est la sécurité qui est le seul motif de notre intervention. Cibler la sécurité en ayant une forte concertation avec les usagers en partant du principe que ce sont eux qui font la sécurité, c’est l’opérationnel, le constructeur, la société de maintenance, l’aéroclub qui font vraiment la sécurité au quotidien.
  • Le deuxième axe était de réduire le coût pour les usagers, essayer de baisser les redevances directes et indirectes. Nous sommes payés par redevance fixée par arrêté ministériel et tous les ans nous regardons le niveau. Nous sommes peut-être le seul service public qui a baissé le niveau de contribution des usagers de plus de 20% en 6 ans
  • Enfin, nous avons également essayé d’améliorer la qualité de service. L’amélioration se trouve notamment dans la réduction des temps de réponse. Par exemple une licence de mécanicien qui mettait de 6 à 7 mois pour être délivrée, est aujourd’hui livrée en 4 à 6 jours, ce qui n’est donc pas la même chose. Nous avons en conséquence amélioré les relations avec les usagers, elles sont franches et régulières. Par ailleurs, nous nous sommes contractuellement engagés à plafonner notre résultat à 5% du chiffre d’affaires, ce qui est peu pour une société de conseil. Le trop-perçu est donc redistribué sous forme de formations ou autres prestations gratuites qui sont efficaces pour la sécurité.

Notons également que la société a réalisé 22 millions d’euros de chiffres d’affaires en 2016.

Combien de personnes travaillent au sein de la société ?

Il y a 150 personnes, essentiellement des ingénieurs, des techniciens hautement qualifiés qui sont également inspecteurs et des experts qui travaillent à la direction des méthodes et qui préparent tous les outils, les moyens et les procédures.

Quels profils recrutez-vous ?

Nous recherchons des personnes ayant au minimum 5 années d’expérience dans l’aéronautique, avec un niveau d’études d’ingénieur ou équivalent, BTS avec de l’expérience par exemple.

Il faut des personnes ayant une expérience d’auditeur voisin du niveau IRCA – International Register of Certificated Auditors-, reconnu à l’international. Il faut également une connaissance aéronautique élevée. Nous demandons une base de 750 au TOEIC, qui est un minimum nécessaire pour la documentation aéronautique.

En matière d’inspecteurs, nous nous dédouanons des clichés tels que l’ancienneté, le critère numéro un est la compétence et nous nous trompons rarement. Les profils que nous recrutons sont en général d’anciens militaires qui ont une bonne connaissance des avions, à qui nous proposons de faire des montées en compétences sur des techniques d’audit essentiellement. Il y a également un autre profil, ce sont des personnes qui viennent de l’assurance qualité et à qui nous apportons les connaissances aéronautiques nécessaires. Ceci se passe bien car nous contrôlons de moins en moins le produit fini et de plus en plus les process. Sur ce type de profil, on a tendance à avoir plus de femmes car en entreprise les poste d’assurance qualité sont quand même beaucoup tenus par des femmes. Elles sont un peu plus rigoureuses en matière de conformité !

Pour différencier nos deux besoins, nous pouvons citer par exemple d’un côté l’aviation légère qui nécessite la connaissance de l’avion, et de l’autre les grosses structures pour lesquelles il s’agit davantage d’analyse de l’organisation et des process. Nous avons ces deux populations que nous distinguons vraiment.

Il y a donc une spécialisation des inspecteurs ?

Oui, nos inspecteurs sont spécialisés. Il y a ceux qui s’occupent vraiment de la production (Airbus, Dassault, Safran, Thalès etc.), ceux qui s’occupent des grosses sociétés de maintenance (Air France Industrie, Sabena Technics etc.) ceux qui s’occupent de l’aviation légère, ceux qui s’occupent des organismes de formation et des licences de mécaniciens, ce n’est pas la même approche. Par exemple pour l’aviation légère, ce peut être des gens moins diplômés, mais qui connaissent très bien l’avion.

Nous avons aussi des profils plus dirigés vers l’analyse de risques qui sont formés « maison ».

Comment se passe votre cursus de formation ?

Nous embauchons les personnes qui suivent un cursus de formation qui les amène jusqu’à la licence d’inspecteur aéronautique, avec d’abord une formation théorique sur la connaissance de la réglementation, ensuite une partie de tutorat sur le terrain avec un tuteur. Lorsque le candidat est jugé apte par son tuteur, nous lançons un contrôle de compétences par un inspecteur. Si le contrôle de compétences est favorable, une commission examine l’ensemble des données de la personne, ses certificats, son évolution, et on délivre à partir de là une licence d’inspecteur aéronautique qui sera renouvelée tous les trois ans par un contrôle des compétences et de l’aptitude à la surveillance.

Comment effectuez-vous ce contrôle ?

La vérification des compétences de notre personnel est faite par examens, par contrôles croisés et nous sommes les seuls à faire cela. Nous demandons également aux inspecteurs de ne pas arriver en tant qu’autorité d’abord, mais de faire leur travail en compréhension, collaboration et que l’argument d’autorité ne soit que le dernier recours si nécessaire. Au bout de 7 ans, on peut constater que notre approche a été payante, même s’il nous reste encore d’autres axes sur lesquels nous pouvons travailler et améliorer les choses.

La formation que vous offrez a-t-elle un impact sur votre turnover ?

Nous avions peu de turnover, mais les profils qui interviennent chez nous sont aujourd’hui recherchés car ils sont reconnus comme étant compétents. Nous dépensons environ 700 000 euros de formation par an. La compétence est reconnue par les industriels qui ne s’y trompent pas.

Nous recrutons actuellement car il y a eu des départs à la retraite, il y a aussi eu des personnes qui n’étaient pas préparées aux changements que nous avons apportés et qui ont souhaité partir. Aujourd’hui nous avons une population jeune, trentenaire, bien que ce ne soit pas des premiers emplois. Par ailleurs, nous féminisons nos équipes actuellement, nous sommes aujourd’hui sur 25 à 30% de femmes, alors qu’il y a 7 ans, nous étions à 5%.

Proposez-vous essentiellement des CDI ?

Oui, car nous avons un volume de travail qui est régulier et sur plusieurs années.

Sur quelle localité géographique se trouvent les postes pour lesquels vous recrutez actuellement ?

Nous recherchons cinq personnes à la production ou à la maintenance sur l’hexagone, dont deux en région parisienne, et également dans les territoires d’Outre-Mer. Lorsque nous travaillons en confiance réciproque et avec l’assurance d’une loyauté envers l’entreprise, nous pouvons avoir une grande flexibilité sur le lieu de travail, ça ne pose pas de problème. Il y a une grande autonomie, qui ne veut pas dire qu’on fait ce qu’on veut, mais les collaborateurs sont  davantage libres en matière de planification, de suivi de production et de reporting car les outils permettent d’être délocalisé complétement. Par exemple, nous avons un pôle outre-mer qui rassemble la Réunion, Tahiti, Nouméa et les Antilles : ce poste est à Issy les Moulineaux et le personnel est sur place là-bas, ce qui ne pose pas de souci.

Rencontrez-vous des difficultés pour recruter ?

Trouver des candidats n’est pas forcément chose facile : nous sommes un peu exigeants car nous sommes sur un secteur qui le nécessite. Le facteur technique est important et nous ne pouvons pas le négliger.

Au-delà de la technique, y a-t-il un autre facteur important dans votre recrutement ?

Il y a aussi le facteur humain et éthique : le comportement est aussi très important. Nous avons eu au départ des problèmes de comportements d’inspecteurs vis-à-vis des usagers et c’est inacceptable. Nous enregistrons toutes les plaintes pour faire évoluer les pratiques. Les comportements inadaptés polluent l’objectif de la mission. Il faut une vision juste. Le pouvoir de l’OSAC de retirer un agrément peut tuer une entreprise : donc soit il y a un système de racket, qui est désagréable, insupportable, dangereux et inutile, soit on en fait un véritable système de surveillance en utilisant le pouvoir au service de la sécurité des entreprises que nous surveillons. La décision est de toute façon aujourd’hui collégiale, à plusieurs niveaux. Le premier niveau est l’audit avec les constatations, le deuxième niveau est la vérification de la conformité du règlement et de la procédure interne et le troisième niveau est le comité des agréments qui se réunit et prend la décision. Il y a huit ans, ce n’était qu’une recommandation effectuée par un inspecteur. Ceci a permis de cadrer nos processus.

Peut-on vous rencontrer sur des événements aéronautiques ?

Nous participons à toutes les rencontres aéronautiques qui vont du Salon du Bourget à la Ferté Alais. Nous avons des stands soit seuls, soit avec la DGAC, et nous mettons en avant nos recrutements à ces occasions.

Quels intérêts peuvent trouver les candidats à rejoindre l’OSAC ?

D’abord un intérêt pour l’aéronautique, ensuite une recherche continue en matière de sécurité. Nous sommes parfois le dernier rempart avant des situations dangereuses. C’est un côté valorisant pour le métier. La société est par ailleurs très structurée, les responsabilités et la répartition des tâches sont claires. Il y a aussi des possibilités d’évolution, donc à partir du statut d’inspecteur, on peut devenir responsable de surveillance, voire participer aux commissions des agréments. Dans la relation usager, nos collaborateurs rencontrent les dirigeants de grosses entreprises et participent à la vie de celles-ci, c’est très gratifiant. Passer par OSAC apporte un plus, nous avons une certaine valeur sur le marché du travail.

Enfin, nous faisons de la surveillance aussi en dehors de l’Europe, en Chine, en Inde, en Afrique, en Russie : il y a donc l’attrait de l’international sur certains postes.

Propos recueillis par Marie CHRISTOPHE

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