Renforcement de la flotte et recrutement actif : le tournant 2018 de Chalair Aviation © Alain Battisti

Renforcement de la flotte et recrutement actif : le tournant 2018 de Chalair Aviation


Marie CHRISTOPHE
| 14/12/2017 | 1660 mots | AEROCONTACT | EMPLOI & CARRIÈRE

Impressionné par les vols de Mirage au Salon du Bourget dès l’âge de 6 ans, Alain Battisti compte aujourd’hui parmi les acteurs du marché aéronautique français. PDG de Chalair Aviation depuis 15 ans et parallèlement président de la FNAM (Fédération Nationale de l’Aviation Marchande), l’homme représente à ce titre la majeure partie des compagnies aériennes françaises. Affichant une vraie volonté de faire évoluer les contraintes subies par le transport aérien, Alain Battisti nous fait part des attentes de sa compagnie aérienne côté recrutement et de sa vision contextuelle de l’emploi dans le secteur aéronautique.

 Pouvez-vous nous parler de Chalair Aviation ?

Chalair Aviation est une compagnie aérienne créée en 1986. Nous avons une activité essentiellement sur Beechcraft 1900, qui est un petit avion de ligne de 19 sièges. Nous en exploitons aujourd’hui 8, dont 7 en France. Nous abordons un tournant en 2018 en élargissant la flotte de deux avions de type ATR 42 en cours d’année, qui rejoignent le réseau français de Chalair Aviation. Et nous devrions ajouter également deux Beechcraft supplémentaires au cours de l’année.

Quels sont les effectifs de la société ?

La société rassemble aujourd’hui près de 50 personnes. Nous avons une société sœur au Portugal, Lease Fly qui exploite trois ATR ainsi que des investissements dans d’autres secteurs. La holding ADIGE qui chapeaute toutes ces activités compte un peu plus de 150 personnes en tout.

Vous êtes en pleine expansion et avez déjà amorcé votre développement en 2017 ?

Ou, nous avons déjà ajouté au cours de l’année 2017 un Beechcraft supplémentaire et nous avons procédé en conséquence à une démarche de recrutement pour renforcer l’utilisation de nos avions et ajouter des équipages aux avions existants. Sur l’exploitation d’un avion de 19 sièges, il y a en général deux équipages et lorsqu’ils sont employés de façon intensive, il est nécessaire de passer à 3 voire 3,5 équipages par avion.

Nous poursuivons notre développement sur 2018 et sommes maintenant en création nette de postes car nous augmentons la flotte.

Quels sont les profils que vous recrutez actuellement ?

Nous recrutons aujourd’hui essentiellement des copilotes Beechcraft 1900, avec ou sans qualifications ou des copilotes ATR qualifiés.

Nous recrutons également des mécaniciens sur Beechcraft basés à Caen, possédant la licence 66 et avec de l’expérience dans le domaine si possible. Enfin, nous recrutons du personnel d’opérations aériennes, basé à Caen également.

Nous avons de même lancé le recrutement de six PNC qui est déjà amorcé, mais les candidatures sont encore recevables. Les postes seront basés à Lannion, Limoges et Caen.

Quels types de compétences appréciez-vous chez vos candidats ?

Nous apprécions des profils assez autonomes qui ont une capacité de libre arbitre un peu plus développée pour répondre à nos besoins. Nous privilégions la prise de décision.

Pour les pilotes et copilotes, nous préférons des profils de personnes connaissant l’aviation, la pratiquant dans le cadre aérien ou dans l’instruction : nous recrutons donc davantage des pilotes qui ont une âme d’aviateur.

Peut-on dire que l’expérience prime ?

Au niveau des copilotes, oui et non car ce sont des personnes qui débutent dans leur métier, et qui n’ont bien évidemment pas des milliers d’heures de vol. Contrairement au système américain qui impose 1 500 heures de vol pour intégrer le cockpit d’un avion d’affaires ou d’un avion de ligne, l’Europe n’a pas de marché qui permette d’acquérir cette expérience. Nous embauchons donc des profils avec 500, 800 ou 1000 heures de vol tout au plus.

Quelle est la valeur ajoutée de Chalair Aviation qui peut séduire les futures recrues ?

Nous offrons la possibilité aux candidats qui postulent chez nous de débuter sur Beechcraft et ensuite d’évoluer sur un avion type ATR. Nous sommes la seule compagnie en France qui propose ce type d’évolution, ce qui est une belle opportunité.

Nous apportons également une certaine qualité de vie à des personnes attachées à leur région et qui veulent y rester. A la différence des autres compagnies qui ont essentiellement des bases à Paris ou à Nantes, nous avons du personnel basé à Bordeaux, Rennes, Caen ou Limoges par exemple. Cela permet donc à des PNC ou des pilotes de rester dans leur région ou dans une région qu’ils apprécient, ce qui n’est pas négligeable en termes de qualité de vie.

Encouragez-vous la mixité au sein de vos équipes ?

Les femmes pilotes sont particulièrement bienvenues chez nous. Quand j’ai racheté la compagnie il y a 15 ans, il n’y avait absolument aucune femme pilote. J’ai souhaité que nous en embauchions et nous avons été satisfaits des recrutements féminins. Je regrette aussi qu’il n’y ait pas ou peu de mécaniciennes, de femmes dans les métiers techniques. Il y a peut-être des a priori dans la psychologie générale, croyant que les femmes ne sont pas faites pour les métiers techniques, alors qu’en fait elles ne le sont pas moins que les hommes. Je connais des femmes pilotes, ingénieures ou techniciennes qui sont très douées dans leur secteur d’activité et elles font malheureusement figure d’exception, car trop peu nombreuses.

Chalair Aviation est impliquée dans une enquête de travail dissimulé, souhaitez-vous apporter un commentaire à ce sujet ?

C’est une enquête préalable pour laquelle nous collaborons activement avec la justice. Nous restons sereins car il n’y a aucune dissimulation dans ce domaine.

Vous êtes président de la FNAM depuis quatre ans, quelle vision avez-vous du marché de l’emploi ?

Il y a quatre ans le secteur était en difficulté financière avec peu d’embauches, pour ne pas dire pas du tout. Aujourd’hui le secteur s’est redressé grâce à certaines opportunités, notamment dues au coût très bas du pétrole ainsi qu’à des taux d’intérêts également très peu élevés, ce qui permet d’investir massivement. Les compagnies aériennes ont retrouvé de bons résultats financiers qui leur permettent d’embaucher à nouveau. Nous gardons cependant un différentiel par rapport à nos confrères, notamment les Allemands : là où Air France va faire 1,3 milliard de bénéfices, Lufthansa en fera plus de 2,5 fois plus. Nous sommes à la traîne et nous devons réussir à donner des conditions de compétitivité suffisantes. Les conditions économiques en France sont dégradées à cause d’un environnement fiscal et de charges sociales qui est trop lourd et qui constitue un handicap de base quasi insurmontable.

C’est triste parce que nous n’avons pas constaté jusqu’à présent de volonté gouvernementale de changer les choses. Nous allons avoir des assises du transport aérien à partir du mois de février, ce sera donc l’occasion de remettre les pendules à l’heure et d’adopter les mesures structurelles que l’on souhaite. Notre action est concentrée sur ce point. Les compagnies françaises peuvent recréer de l’emploi, retrouver de la croissance et des parts de marché. C’est vraiment possible, nous n’avons pas atteint de point de non-retour, mais il faut agir dès à présent. La création de Joon est un signe très fort envoyé à l’extérieur. Le développement de French Blue l’est également : une compagnie low-cost long-courrier, française avec des avions neufs… c’est un message important au marché. Le développement de Chalair Aviation est modestement dans la même veine. Il y a un vrai marché en France : nous sommes le deuxième en Europe et il faut tout faire pour qu’il ait les meilleures conditions pour se développer.

Propos recueillis par Marie CHRISTOPHE

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