Sanctuary on the Moon : un message de l'humanité, gravé pour l'éternité et envoyé sur la lune

Ce 21 mars marque le lancement officiel de Sanctuary on the Moon, une mission visant à déposer une capsule temporelle contenant des informations de notre humanité sur la surface de la lune, dans le cadre de l'ambitieux programme artemis clps - commercial lunar payload services - de la NASA. Le lancement est prévu à l’horizon 2027.

Imaginé par l'ingénieur français Benoît Faiveley et son équipe de scientifiques, de chercheurs, de designers et d’artistes internationaux, le projet consiste à graver 24 disques de saphir contenant « l'essence même de l'humanité ». Afin d’assurer la solidité et la durabilité de la capsule sur la Lune pendant de nombreuses années, un container sera conçu pour répondre à toutes les certifications spatiales exigées par la NASA.

Sanctuary est constitué d'une équipe pluridisciplinaire de 11 scientifiques, ingénieurs, astrophysiciens, paléontologues, cosmologistes et artistes de renom. Le projet a également reçu le soutien d'organisations telles que le CNES, le CEA, l'INRIA, le BCGSC et l'UNESCO.

Benoît Faiveley explique : « Nous espérons que Sanctuary constitue une « salutation cosmique » à nos descendants ou peut-être même à des visiteurs venus d'ailleurs. Il s'agira d'un portrait bigarré de notre espèce gravé en micropixels - jusqu'à 7 milliards par disque. »

Les disques sont en cours de gravure au Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA). Ce que nous sommes, ce que nous savons, ce que nous faisons : une sélection humaniste de notre patrimoine.

Les disques comprendront des exemples tirés des mathématiques, de la culture, de la paléontologie, de l'art et de la science, ainsi que le génome humain. Cette sélection de notre patrimoine humain, culturel et scientifique a été réalisée avec l'ambition de raconter l'histoire de qui nous sommes, de ce que nous savons et de ce que nous faisons. Pour la première fois dans l'histoire, notre « recette » biologique, sous la forme des génomes mâle et femelle, va être envoyée dans un autre monde. Le séquençage a été effectué au British Columbia Genome Sciences Centre à Vancouver. Les « génomenautes » ont été choisis à l'issue d'un processus de sélection en double aveugle.

Benoît Faiveley ajoute : « La plupart des documents ne sont pas simplement présentés. Ils sont racontés par le biais de textes, d'images, de diagrammes et de représentations de données. Des exemples importants en astrophysique, physique des particules, astronomie et sciences planétaires sont ainsi fournis. »

Le projet Sanctuary est soutenu par l'UNESCO, et une partie de cette capsule temporelle sera consacrée aux sites désignés par l'UNESCO, tels que les sites du patrimoine mondial et réserves de biosphère, ainsi qu'aux principales déclarations internationales de l'UNESCO sur la bioéthique et le génome humain, servant de témoignage à notre histoire, notre culture et notre patrimoine collectif. Adama Pam, chef archiviste de l'UNESCO, déclare à ce propos : « L'UNESCO a toujours soutenu les idées nouvelles et ambitieuses. Sanctuary On the Moon s'inscrit dans la continuité de l'engagement de l'UNESCO en faveur de l'éducation, de la science et de la culture, ainsi que dans notre mission de partager notre connaissance des réalisations intellectuelles et morales de l'humanité. »

Michael Benson, auteur, historien et membre de l'équipe de Sanctuary, commente : « La trajectoire de Sanctuary s'inscrit dans l'espace, mais aussi, et c'est tout aussi important, dans le temps cosmique profond. La Lune est l'endroit idéal pour conserver une telle capsule grâce à sa surface ancienne, résistante aux inondations, tremblements de terre, tsunamis et ouragans. »

Ces disques de 100 mm de diamètre et de 1 mm d'épaisseur sont fabriqués en saphir industriel. Avec une dureté de 9,0 sur l'échelle de Mohs, le saphir est l'un des matériaux les plus durs que l'on connaisse (comparé aux diamants, qui ont une dureté de 10 sur l'échelle de Mohs).

Le saphir peut résister aux températures extrêmes de la surface lunaire, et rester inaltéré dans le temps. Les informations sont physiquement micro-gravées sans codage. La lisibilité des données gravées ne sera donc pas tributaire des innovations technologiques futures.

Une boîte protectrice dans laquelle les disques seront stockés sera légèrement compressée, garantissant l'intégrité d'une chambre forte qui devrait durer des millions d'années. Un traitement de surface profond sera appliqué sur le couvercle du container et une gravure au laser fournira des informations supplémentaires sur son précieux contenu.

Le container en aluminium usiné servira de référentiel pour les données stockées sur les disques. Sanctuary sera déposé sur la surface de la Lune grâce à une sonde spatiale automatisée dans le cadre du contrat CLPS (Commercial Lunar Payload Services) conclu avec la NASA et sera photographié sur la surface de la lune peu après l'alunissage. Joel Kearns, administrateur adjoint de la NASA chargé de l'exploration au sein de la direction de la mission scientifique a déclaré à ce propos : « Nous sommes ravis d'emmener Sanctuary sur la Lune. Nous sommes convaincus que ce dépôt de connaissances sur la Lune, géré au niveau international, sera une source d'inspiration aujourd'hui et pour les générations à venir ».

Benoit Faiveley conclut : « Le projet Sanctuary est un message à très long terme. Nous souhaitons que les futurs explorateurs remontent le temps et nous rejoignent dans notre exploration de nous-mêmes, de notre monde et de notre époque ».

Au cours des deux prochaines années, l'équipe de Sanctuary proposera de plus en plus de contenus originaux qui seront également exploités dans le cadre de différentes expositions, conférences et documentaires. Le projet est placé sous le patronage du président de la République.