Espace : comment la Chine souhaite-t-elle s'emparer de la Lune ?
© Objectif Lune pour 2029

Espace : comment la Chine souhaite-t-elle s'emparer de la Lune ?


La rédaction
| 13/11/2023 | 903 mots | AEROCONTACT | ESPACE

La Chine, autrefois spectatrice des prouesses spatiales des États-Unis et de la Fédération de Russie, s'affirme désormais comme un acteur à part entière dans la nouvelle ère de l'exploration spatiale. Animée par des ambitions grandissantes, la Chine s'oriente vers des réalisations historiques, notamment l'envoi de taïkonautes sur la Lune et la création d'une présence permanente dans l'espace.

Objectif Lune pour 2029

Dans un élan d'ambition nationale, la Chine vise à poser les pieds sur la Lune d'ici 2029, marquant ainsi le 80e anniversaire de la République populaire de Chine. Ce projet « titanesque », selon Zhao Xiaojin, directeur du département des équipements spatiaux de la CNSA, « incarne non seulement les rêves spatiaux de la Chine mais aussi notre contribution à l'exploration spatiale mondiale ».

La Chine se prépare à un bond majeur dans la conquête spatiale

La Chine se prépare à un bond dans la conquête spatiale avec le développement de Long Marche 10, un lanceur spatial super-lourd prévu pour 2027. Cette fusée, mesurant 88,5 mètres de haut et pesant 2 187 tonnes, représente une avancée technique significative avec sa capacité de transporter 70 tonnes en orbite terrestre basse et 27 tonnes en orbite de transfert lunaire. Inspirée par la structure de la Falcon Heavy, elle intègre des moteurs-fusées YF-100 et YF-75 pour offrir une poussée au décollage adaptée aux missions lunaires.

Sa construction, assurée par l'Académie chinoise de technologie des lanceurs, une filiale de la Société de Sciences et Technologies Aérospatiales de Chine, constitue un tournant décisif dans le programme spatial chinois. Deux exemplaires de la Long Marche10 seront utilisés pour chaque mission lunaire : l'un pour envoyer le vaisseau spatial habité en orbite lunaire et l'autre pour déployer le module lunaire nécessaire à l'atterrissage des taïkonautes sur la Lune.

Le développement de la Long Marche 10 n'est pas seulement essentiel pour l'exploration lunaire, mais ouvre également des perspectives pour des missions plus lointaines dans le système solaire. Elle symbolise l'aspiration de la Chine à devenir une puissance spatiale majeure, capable de rivaliser avec les États-Unis et d'autres pays dans l'exploration spatiale et l'établissement d'une présence humaine durable dans l'espace.

Une des fusées transportera une capsule avec deux taïkonautes et du matériel, tandis que l'autre emportera l'alunisseur. Ces deux vaisseaux s'amarreront en orbite lunaire avant de descendre vers la surface lunaire. « C'est une manœuvre complexe qui démontre les avancées technologiques remarquables de notre programme spatial », souligne le professeur Li Yuan, expert en ingénierie spatiale à l'Université de Pékin.

Pour préparer cette mission, la Chine a développé un nouveau véhicule de transport spatial habité et un atterrisseur lunaire, ainsi que des équipements nécessaires pour un séjour sécurisé sur la Lune. Des installations simulant l'environnement lunaire ont été récemment inaugurées, facilitant ainsi les entraînements des taïkonautes. « Ces simulations sont cruciales pour préparer nos taïkonautes aux défis uniques de la surface lunaire », explique Chen Lan, analyste chinois indépendant spécialisé dans l'espace.

Une course contre les États-Unis et le reste du monde

En comparaison, la mission Artemis 3 des États-Unis, prévue pour 2025, vise aussi à renvoyer des astronautes sur la Lune. La proximité des calendriers de ces missions souligne une rivalité renouvelée dans l'exploration lunaire. « Bien que les États-Unis aient une longue histoire dans l'exploration lunaire, la rapidité des progrès chinois est impressionnante », remarque Sarah Goldberg, experte en politique spatiale à l'Université de Stanford.

L’ambition chinoise à long terme : coloniser le système solaire

Au-delà de cette mission, la Chine envisage de construire une base lunaire habitée, s'inscrivant dans un plan plus large de construction d'une base lunaire internationale dans les années 2030. « L'objectif n'est pas seulement de marcher sur la Lune, mais d'y rester », affirme Lin Xiqiang, porte-parole de la l’agence spatiale chinoise. Cette ambition reflète une stratégie à long terme pour la présence humaine dans l'espace.

La course spatiale chinoise, portée par des objectifs ambitieux et des progrès technologiques considérables, symbolise l'engagement croissant de la Chine dans l'arène spatiale mondiale. Ces efforts ne visent pas seulement à marquer l'histoire spatiale de la Chine, mais aussi à contribuer de manière significative à l'exploration spatiale globale.
 


 

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