Reaper cherche pilotes
© D. Pujo/Armée de l'air

Reaper cherche pilotes


Helen Chachaty
| 29/05/2019 | 745 mots | AEROCONTACT | DRONES

Déployés depuis fin 2013 en bande sahélo-saharienne, les drones MALE MQ-9 Reaper de l'armée de l'air accumulent les heures de vol et les missions de surveillance au profit de la force Barkhane. De deux appareils basés à Niamey, au Niger, la flotte est montée à cinq, avant de passer à trois - deux drones ont été affectés à la formation sur la BA 709 de Cognac, un autre a été perdu à la suite d'un incident en novembre 2018.

« Les drones MALE, qui volent quasiment sur toute la durée d'une journée, sont une composante essentielle des opérations militaires et plus particulièrement de l'armée de l'air », expose un aviateur. « C'est extrêmement consommateur, ce qui nous oblige à augmenter nos effectifs. Nous avons besoin de lancer une campagne de recrutement et de focaliser sur des compétences très particulières. » Si jusqu'ici, les opérateurs étaient recrutés au sein d'autres unités de l'armée de l'air, chasseurs, transporteurs, hélicoptéristes, l'objectif est à présent de proposer une formation spécifique ab initio, afin d'élargir le « vivier ». La cible à terme sera de disposer d'un tiers de pilotes issus d'autres spécialités, et de deux tiers formés ab initio, afin de « garder le brassage des cultures », explique le colonel David, chef de la division ISR au sein de l'état-major.

Car l'enjeu est de taille : « En 2030, si je dois déployer l'ensemble des huit systèmes prévus [soit 24 vecteurs], ça me fait 80 à 100 équipages, soit 80 à 100 pilotes, ce qui est considérable en très peu de temps », explique le lieutenant-colonel Romain, commandant de l'escadron 1/33 Belfort. A l'heure actuelle, l'escadron dispose d'une vingtaine d'équipages, d'autres sont en cours de formation.

« Nous ne voulons pas de 'geeks' », prévient le lieutenant-colonel Romain, « nous voulons des personnes qui sont capables de travailler en temps réel ». Le cursus débutera sur la BA 701 de Salon de Provence, au Centre d'excellence drones. Les futurs pilotes, dont les premiers ont débuté leur formation il y a peu, y acquérront un « sens de l'air », une capacité « essentielle », en raison entre autres des problématiques d'intégration dans l'espace aérien national, européen, ainsi qu'en opérations. « Le pilote se retrouve souvent à coordonner un ensemble d'aéronefs, qui va de l'avion de combat à l'hélicoptère », explique le chef du Belfort. A l'issue de la formation, les futurs opérateurs auront la qualification de pilote d'avion léger ainsi que la compétence de vol aux instruments. Ils achèveront leur cursus directement à Cognac, au sein de l'escadron de transformation, qui leur apportera notamment des compétences spécifiques, pilotage par satellite, liaisons satellitaires... « C'est tout sauf simple, il faut une bonne connaissance de systèmes assez complexes. » Pour garder le fameux sens de l'air, les équipages disposeront également d'heures de vol sur avion habité.

Par la suite, afin de fidéliser ses personnels, l'armée de l'air proposera des qualifications ultérieures, afin de diversifier l'expérience de pilotage. En ligne de mire, les futurs équipages d'ALSR (Avion léger de surveillance et de reconnaissance) sur King Air 350, voire peut-être même de Falcon 8X, dans le cadre du programme CUGE (Charge universelle de guerre électronique), qui remplacera à terme les Transall Gabriel. « Le cursus doit être attractif et permettra d'être multimissions. Il s'agit de créer un vivier d'experts en planification et en conduite », explique le lieutenant-colonel Romain. « La plateforme importe peu, c'est la mission qui compte. »


 

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