Elysian E9X : l’avion électrique capable de transporter 90 passagers sur plus de 1 000 kilomètres

La startup néerlandaise Elysian Aircraft a annoncé son intention de développer un tout nouvel avion électrique, l’E9X, capable de transporter 90 passagers sur une distance de 1000 kilomètres. Économiquement viable par rapport à l'aviation traditionnelle, l’E9X ouvre la voie à un avenir zéro émission pour les liaisons régionales.

Elysian Aircraft est un nouveau venu dans l’industrie aéronautique. Cependant, l'entreprise bénéficie de soutiens sérieux, parmi lesquels le Centre aérospatial néerlandais et le groupe Fokker Services.

Elle est soutenue par la société financière française Caravelle et par Panta Holdings (une société d'investissement néerlandaise qui possède également les fournisseurs de MRO).

L'équipe de direction des avions d'Elysian comprend le co-PDG Daniel Rosen Jacobson, directeur de l’aérospatiale de Panta qui était auparavant chez Google, le co-PDG Rob Wolleswinkel, qui était auparavant chez Fokker, et le directeur de la technologie Reynard de Vries, qui a effectué un travail approfondi pour l'Union européenne sur l'aviation durable.

Ils estiment qu'il faudra entre 5 et 8 milliards de dollars pour mettre le E9X en production. À ce jour, Elysian Aircraft a levé 10 millions de dollars.

S'appuyant sur ce que la société dit être des années de recherche menée par l'Université de technologie de Delft aux Pays-Bas, les plans de l’avion ont été dévoilés le 10 janvier 2024 lors d'une conférence à l'Institut américain d'aéronautique et d'astronautique.

Prévu pour prendre son envol d'ici 2033, la startup envisage un avion à ailes basses avec un fuselage mince - 3 m - à peu près de la même taille que l’Embraer E-Jet. L’aéronef disposerait d'une grande aile de 42 m d'envergure, balayée à un modeste 7,5°, avec des extrémités rabattables comme celles du 777X pour permettre le respect de la limite de 36 m pour les portes d'aéroport de catégorie C.

Équipé d'une batterie d'une densité énergétique de 360 Wh/kg située dans le caisson de l'aile pour réduire le poids structurel de celle-ci ; la batterie serait capable d’être rechargée en 30 à 45 minutes pour répondre aux exigences de rotation des compagnies aériennes.

La société réfléchit encore à la manière de conditionner et d'intégrer les cellules dans l'aile de manière qu'elles puissent être remplacées en 12 heures environ lors de la maintenance de base.

L’E9X compte atteindre une efficacité énergétique par passager-kilomètre jusqu'à cinq fois supérieure à celle des avions à hydrogène ou à moteur SAF. Ce qui correspond à l'efficacité énergétique d'une voiture électrique moyenne avec 1,2 passagers.

La poussée proviendrait de huit hélices - de 3,7 m de diamètre - propulsées par des moteurs électriques à entraînement direct. L’avion régional électrique est conçu pour transporter 90 passagers sur des distances allant jusqu'à 1 000 km.

 Sachant que cette distance couvre la moitié de tous les vols commerciaux réguliers, cela signifie que l'aviation électrique a le potentiel de réduire de 20 % toutes les émissions de CO2 de l'aviation.

À titre de comparaison, la capacité en passagers de cet avion se situe entre celle de l'ATR 72 et celle de l'Embraer E190, avec une autonomie légèrement supérieure à celle d'un Cessna 150. Mais comparé à ces avions, l'E9X peut accomplir ses missions sans émission et avec moins d’émissions sonores.

Cependant, l'avion est lourd pour sa taille : la masse maximale au décollage est d'environ 76 t - dont 35 t de batteries, soit 46 % du total - globalement le même poids qu'un A320neo mais avec une autonomie et une capacité à peu près équivalente à celles d'un gros bi-turbopropulseur qui peut accueillir 180 passagers et a une envergure de 35,8 m.

Avec une décennie pour construire le nouvel avion électrique, le temps révélera plus de détails sur sa conception et ses capacités.

Pour l’heure, l’E9X constitue un pas significatif pour l’aviation électrique. Les avions actuellement en développement disposent de beaucoup moins de sièges ; le plus gros avion électrique étant, pour l’instant, le Skybus EVTOL d'une capacité de 40 places.

L’objectif, comme l’affirme Daniel Rosen Jacobsen étant que : « tout avion proposé doit être capable de rivaliser, sur la base des coûts d'exploitation, avec l'Airbus A320neo ou le Boeing 737 Max tout en atteignant une autonomie utile aussi élevée que possible ».