Qui sont ces femmes qui écrivent l'avenir de la filière aéronautique et spatiale ?
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Qui sont ces femmes qui écrivent l'avenir de la filière aéronautique et spatiale ?


Sabine Ortega
| 13/02/2024 | 3414 mots | AEROCONTACT | EMPLOI & CARRIÈRE

L’International Day of Women and Girls in Science ou en français, La Journée internationale des femmes et des filles de science, célébrée le 11 février, vise à promouvoir les femmes et les filles dans les matières scientifiques à travers le monde. Ainsi, selon l’UNESCO, on peut estimer à 33% en moyenne le pourcentage de femmes chercheuses dans le monde et à seulement 35% la part des femmes étudiantes dans les domaines d’études liés aux STEM, abréviation des termes anglais Science, Technology, Engineering et Mathematics.

Cette année, la célébration se concentre sur la réduction de l'écart entre les sexes dans le domaine scientifique. Malgré une pénurie de compétences dans les domaines technologiques qui sont à l'origine de la quatrième révolution industrielle, les femmes ne représentent toujours que 28 % des diplômés en ingénierie et 40 % des diplômés en informatique, selon le prochain rapport sur la science de l'UNESCO dont le chapitre sur le genre dans la science, intitulé « Pour être intelligente, la révolution numérique devra être inclusive » montre que les femmes scientifiques sont toujours confrontées à des préjugés sexistes. Cette journée est donc l’occasion d’évoquer quelques témoignages encourageants sur comment l'avenir de l'aviation découle de l'incroyable équipe de femmes qui enrichissent les activités d'Airbus Helicopters, de Safran, de l’ESA ou encore de la société Dassault Aviation.

En effet, Airbus s’est engagé à promouvoir la parité hommes-femmes dans l’ensemble de ses activités en s’efforçant de fournir à ses employés les outils et programmes qui leur permettent de s'épanouir dans leur environnement de travail. Depuis le retour au travail après être devenu parent jusqu'au développement d'opportunités de mentorat locales et à la définition d'objectifs en matière d'opportunités de développement de carrière pour les femmes, Airbus a créé de solides réseaux de soutien qui sont essentiels à la réduction des inégalités entre les sexes sur le lieu de travail.

En plus de mettre à disposition ces ressources pour ses employés, Airbus élargit son action en encourageant ces derniers à explorer davantage les perspectives de carrière offertes au sein du secteur aéronautique. Grâce à des partenariats avec des organisations partageant cet objectif, comme Elles Bougent en France ou le STEM Club en Allemagne, et à sa participation à des événements dédiés à travers le monde, notamment la Women in Aviation Conference aux États-Unis, la Semaine de l'Industrie en France et Girls' Day Akademie en Allemagne, Airbus cherche à toucher davantage de jeunes femmes qui envisagent de poursuivre une carrière dans l'aviation.

Avec des rôles allant de pilote d'hélicoptère à superviseur de chaîne d'assemblage final en passant par ingénieur de navigabilité, Isabelle, Maria, Vanessa, Esther et enfin Natalia partagent avec nous les moments forts de leur quotidien et encouragent les femmes à explorer les diverses possibilités de carrière que les disciplines STEM ont à offrir.

Isabelle Rouxel, Allemagne

Ainsi, Isabelle Rouxel décrit son rôle en Allemagne : « Je coordonne les activités de test du prototype eVTOL d'Airbus, CityAirbus NextGen. Quand j'étais enfant, je regardais toujours dans le ciel pour essayer de trouver des avions volants. Je voulais les piloter. En grandissant, j'ai compris que les construire était tout aussi passionnant, car vous pouvez influencer directement la conception et les capacités de l’avion. Faire partie du projet CityAirbus NextGen est une opportunité de façonner l'avenir du vol vertical grâce à l'innovation et à la décarbonation. »

María Jesús Ruano, Espagne 

Ou encore celui de María Jesús Ruano en Espagne : « Je suis chez Airbus depuis 11 ans, les 5 premières années en tant qu'ingénieur support atelier sur la chaîne d'assemblage final du Tigre et les 6 dernières années en assemblage des composants principaux. Je suis actuellement AET c’est-à-dire agent d'étude de travail pour le fusible arrière H160 à Albacete. Je suis responsable du Comité de Non-Conformité du H160. Dans ce rôle, j'agis comme interface avec la France car je supervise le processus de bout en bout pour toutes les ouvertures de non-conformité qui affectent le module arrière de l'hélicoptère. Jusqu’à la livraison du module en France, nous surveillons tous les éléments affectant l’arrière du fuselage de l’hélicoptère, tant de manière productive qu’en termes de non-conformité, dans le FAL et la piste de vol. »

Vanessa Durant, France

Quant à Vanessa Durant en France, elle déclare : « En tant que superviseur Super Puma FAL, je gère la production et la gestion de la qualité des hélicoptères H215, H225, H215M et H225M et je travaille avec des collaborateurs de tous les métiers support. La diversité de mon rôle fait que chaque jour est différent et les défis sont nombreux. »

Esther Beckett restée aux États-Unis

Esther Beckett restée aux États-Unis nous en dit plus sur son métier : « je suis originaire de France et je travaille actuellement comme pilote instructeur pour Airbus Helicopters en Amérique du Nord. Je travaille principalement dans l'instruction au sol et en vol, à la fois sur avion réel et sur simulateur, et je me spécialise dans les hélicoptères H125, H130 et H145. En tant que pilote depuis plus de dix ans, j'ai piloté et dispensé des instructions de vol aux États-Unis, au Canada et en Europe. Avant de devenir pilote, j'ai travaillé comme interprète en anglais, italien et français. J'ai découvert les hélicoptères alors que je travaillais comme interprète pour un constructeur d'hélicoptères, ce qui m'a incité à fréquenter une école de pilotage. En plus de mon brevet de pilote, je suis titulaire d'un master en sciences humaines et sociales en langue étrangère. »

Natalia Fedortchenko, France

​Enfin, Natalia Fedortchenko en France témoigne : « Je travaille actuellement en tant qu'ingénieur matériaux et procédés dans le domaine des revêtements et protections organiques chez Airbus Helicopters, au Centre d'Excellence des pièces composites dynamiques du site de Paris Le-Bourget en France. Mon parcours chez Airbus Helicopters a commencé en tant qu'apprenti ingénieur, axé sur la chimie et les procédés. J'ai poursuivi mon évolution en tant que spécialiste des revêtements de cellule d'hélicoptère à Marignane puis me suis orienté vers les pales d'hélicoptère, au sein de l'équipe de Paris Le-Bourget. Mon rôle est de cribler, qualifier et industrialiser les produits de revêtement pour permettre leur utilisation sur hélicoptères. Ce que j’apprécie vraiment dans mon travail au quotidien, c’est qu’il n’y a pas de routine. J'alterne entre les moments à mon bureau, en production ou en laboratoire pour assurer le support client et production, effectuer des tests et apporter une expertise en cas de besoin. Mais ce qui me pousse à aller plus loin, c'est la possibilité de travailler avec des personnes d'horizons divers, d'être proche des produits et d'apprendre au quotidien. Récemment, j'ai contribué à la mise en place d'un procédé de peinture innovant lors de la phase de production. Ce fut une excellente occasion de coopérer avec d’autres départements, d’écouter différents points de vue et de travailler collectivement à l’amélioration continue de nos processus quotidiens. »

Mais Airbus n’est pas le seul, Safran, également, profite de la Journée internationale des femmes et des filles dans les sciences pour les encourager à s'orienter vers des carrières scientifiques et promouvoir la mixité dans le secteur aéronautique.  Par ses interventions dans les écoles, ses partenariats avec les écoles et universités et son soutien à des associations caritatives, Safran contribue à briser les stéréotypes dès le plus jeune âge en montrant que les filières scientifiques ne sont pas réservées qu’aux garçons. Parallèlement, Safran propose un accompagnement et une formation à ses collaboratrices tout au long de leur carrière dans le Groupe.

Un exemple de ses initiatives se trouve au Royaume-Uni, où les ambassadrices du réseau Women@Safran ont organisé un atelier pour les jeunes étudiantes afin de présenter les disciplines STEM, que sont les Sciences, les Technologies, l’Ingénierie et les Mathématiques. A ce propos, Mélissa Inwood, Responsable des Ressources Humaines, Safran Electrical & Power a déclaré : « Nos ambassadrices STEM, qui font également partie du réseau Women@Safran, ont conçu et mis en œuvre l'atelier, devenant ainsi des modèles pour susciter l'intérêt des enfants pour les métiers scientifiques et notre secteur. »

Safran soutient également les actions d'associations œuvrant pour la promotion des métiers de l'industrie et notamment du secteur aéronautique, auprès des lycéens et collégiens, à une étape clé de leur vie c’est-à-dire au moment de l'orientation professionnelle. En France, avec l’association Elles Bougent ! laquelle organise diverses visites et interventions auprès des jeunes femmes et filles grâce aux 500 parrains et correspondants de Safran impliqués.

Enfin, le Groupe favorise également l’accès à l’enseignement supérieur en effectuant des dons aux écoles, en proposant des bourses aux étudiantes méritantes et en désignant des sponsors pour favoriser leur réussite.

D’autres initiatives existent tels des programmes de mentorat, réseaux de femmes pour encourager la solidarité et le développement personnel, ou encore des formations pour développer le leadership féminin. Ces programmes de formation Talent Boost proposent une nouvelle compréhension des stéréotypes de genre pour aider à les dépasser.

L’ESA se joint également à la communauté mondiale pour célébrer cet événement en présentant le parcours de trois jeunes femmes professionnelles ingénieures en exploration spatiale et scientifiques.

Carla Tamai

Ainsi Carla Tamai, ingénieure en exploration spatiale basée au Centre des astronautes européens, son rôle s'étend au cœur de la formation des astronautes. Son objectif principal consiste à définir le futur concept de formation des astronautes pour les prochaines missions lunaires. Elle se consacre au développement de la maquette et du simulateur du module d'habitation international (I-Hab), du module de ravitaillement ESPRIT (ERM) et du système de communication lunaire HALO (HLCS) – qui sont les trois plus grandes contributions européennes à la future station spatiale en orbite autour de la Lune, la Lunar Gateway. Lorsqu'elle est dans la salle de contrôle de mission, elle assiste aux séances d'entraînement qui se déroulent dans la maquette Columbus avec des astronautes venus du monde entier alors qu'ils se préparent pour des missions sur la Station spatiale internationale.

« J'aimerais rencontrer des entrepreneurs et des entreprises travaillant sur la passerelle lunaire, pour assister en direct à la construction de la station. Cela me donnerait des idées inspirantes pour la maquette et une compréhension plus approfondie du simulateur » déclare-t-elle à ce propos.

Avant de rejoindre l'ESA en tant que YGT, Carla a commencé son parcours professionnel en tant qu'ingénieure thermique au Royal Aerospace Centre (NLR) des Pays-Bas. Plus tard, elle a travaillé comme stagiaire en ingénierie des facteurs humains au sein de l’équipe de médecine spatiale de l’ESA. À Madrid, elle a soutenu une équipe de scientifiques dans des expériences en laboratoire au Conseil national espagnol de la recherche (CSIC).

Aurélie Hand

Un autre témoignage est celui d’Aurélie Hand, ingénieure matériaux travaillant dans la section Physique et Chimie des Matériaux. Sa principale responsabilité est de garantir la résilience des matériaux destinés aux applications spatiales contre les conditions difficiles de l’espace, notamment les températures extrêmes, les radiations et l’érosion par l’oxygène atomique. Pour réaliser ces expériences, elle utilise les installations uniques des laboratoires ESTEC, équipées de plus de 20 installations expérimentales dédiées et de centaines d'instruments. Dans ce cadre, elle peut simuler les facteurs néfastes de l’environnement spatial et évaluer comment ceux-ci affectent les matériaux destinés aux projets de recherche susceptibles de voler dans le cadre des missions CubeSat comme elle l’explique : « Ce que j’aime le plus dans mon travail, c’est réaliser des expériences dans les laboratoires de l’ESA. Nous disposons d'installations très uniques et complexes, donc même au cours de ma deuxième année YGT, j'apprends tous les jours ! Notre laboratoire dispose d'une équipe diversifiée composée de personnes de nationalités, d'âges et d'horizons différents, ce qui offre une excellente expérience d'apprentissage. Je me sens chanceux de travailler avec du matériel spatial réel, de toucher des échantillons qui ont été dans l’espace ou qui voleront un jour. »

Après avoir terminé ses études en ingénierie des matériaux en France, Aurélie s'est lancée dans le secteur spatial grâce à un stage chez Spaceship EAC, où elle s'est concentrée sur l'impression 3D du régolithe lunaire. « Ce fut une première expérience incroyable. Lorsque j’ai entendu parler du poste YGT à l’ESTEC, j’ai immédiatement postulé, impatient de poursuivre mon aventure à l’ESA. » Poursuit-elle.

Alessia Garofalo

L’ESA a, également, mis en avant le témoignage d’Alessia Garofalo, astrophysicienne basée à l'ESRIN, où elle fait partie de l'équipe d'intelligence artificielle de la division des services aux utilisateurs finaux. Dans le cadre de ce rôle, elle a mené des recherches approfondies sur l'application des outils d'intelligence artificielle au sein de l'ESA. Actuellement, elle participe activement aux tests et au perfectionnement des outils d'IA pour garantir leur utilisation efficace ; l’objectif étant d’améliorer la créativité, d’optimiser le temps et la qualité du travail et d’augmenter la productivité des employés grâce à la mise en œuvre de ces outils numériques.

De son travail, elle en tire une grande satisfaction comme elle l’explique : « J'aime le travail que je fais ; il me donne le sentiment d'être étroitement lié à l'avenir de la science, des données et de l'ingénierie. Depuis mes années universitaires, où le manque de femmes dans ces domaines était déjà perceptible, il a toujours été important pour moi de sensibiliser sur le sujet et montrer que chacun, quel que soit son sexe, peut faire les mêmes choses en fonction de ses passions et de son expertise. »

Avec une formation en physique et en astrophysique, Alessia a rédigé sa thèse sur l'apprentissage automatique, en fusionnant l'astrophysique et la science des données. Finalement, ses diverses compétences l’ont amenée à postuler un emploi dans le domaine de l’intelligence artificielle à l’ESA. Elle joue également un rôle essentiel dans la communauté Young ESA, en tant que l'un des deux représentants de site pour ESRIN et en supervisant la coordination des activités locales telles que les événements et activités de réseautage.

Cependant, malgré les progrès, les disparités entre les sexes persistent, avec seulement un chercheur sur trois dans le monde étant une femme, contre un sur cinq dans les domaines de pointe de l'IA comme nous le rappelle la Fondation Dassault Systèmes, laquelle s’est engagée à relever ces défis, en soutenant des initiatives éducatives telles que OSEinGÉ en France, permettant aux filles d'horizons divers de poursuivre des carrières scientifiques.

Nataliya Kos'myna,

A l’occasion de la Journée internationale des femmes et des filles de science, la Fondation met, ainsi, en avant le parcours de Nataliya Kos'myna, scientifique franco-ukrainienne, titulaire d'un doctorat de l'Université de Grenoble dans le domaine des interfaces cerveau-ordinateur (ICO) non invasives. Elle a rejoint le MIT Media Lab de Boston en 2017 et travaille depuis une dizaine d’années sur des solutions permettant de contrôler drones, robots ou autres appareils par la pensée. Elle a remporté de nombreux prix et a été nommée en 2017 parmi les 10 Top French Talents des innovateurs de moins de 35 ans de la MIT Technology Review.

Cette journée rappelle que les femmes jouent un rôle essentiel dans les communautés scientifiques et technologiques et que leur participation doit être renforcée.


 

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