Qui est Olivier Andriès, directeur général et administrateur de Safran ? © Sylvain Cambon / Safran

Qui est Olivier Andriès, directeur général et administrateur de Safran ?


Sabine Ortega
| 07/03/2024 | 1613 mots | AEROCONTACT | INDUSTRIE TECHNOLOGIE

Inspiré par la célèbre maxime de Churchill, « plus vous saurez regarder loin dans le passé, plus vous verrez loin dans le futur », Olivier Andriès, en sa qualité de directeur général, propulse Safran vers une ère nouvelle.

Nommé à ce poste par le conseil d'administration depuis le 1er janvier 2021, Olivier Andriès incarne l'excellence de la formation française, s'étant distingué au sein des établissements d'élite du pays. Avec une connaissance approfondie du groupe et de ses principaux clients, il représente une figure de stabilité rassurante dès l'apparition de la crise. Voici le portrait d’un dirigeant discret mais influent.

Implanté sur tous les continents, groupe international de haute technologie français, le géant Safran opère dans les domaines de l'espace, de la défense et de l’aéronautique, que ce soit dans les systèmes de propulsion, d’équipements et d’intérieurs. Avec plus de 81 000 collaborateurs, il occupe, seul ou en partenariat, des positions de premier plan mondial ou européen sur ses marchés.

La voie royale

Né en 1962, Olivier Andriès est issu de la bourgeoisie du Nord, son père ayant été chirurgien-dentiste. Il grandit à Dunkerque où il développe très tôt un attrait pour l’histoire, dira-t-il. Après une scolarité exemplaire à Notre-Dame-des-Dunes, la meilleure institution de la ville, il intègre la célèbre prépa de Sainte-Geneviève à Versailles, qui aura vu passer avant lui, Fulgence Bienvenuë (père du métro), Jean de Lattre de Tassigny, Albert Jacquard, ou encore Édouard Michelin.

Puis, s’ensuivront l’École polytechnique, où il obtient son diplôme en 1981, et l'École national des Mines de Paris en 1987. Très attaché aux valeurs républicaines et à l’enseignement laïc, selon ses dires, cet ingénieur, marié à une juriste et père d’une fille, est décoré de l’ordre national de la Légion d’honneur en 2018.

« Je me suis tourné vers l'industrie aérospatiale car elle allie passion, innovation et portée mondiale »

Ses premiers postes sont dans le public. Ainsi, il est nommé, en 1987, chef de la division développement industriel à la Drire de Picardie. Puis, il rejoint en 1990 la direction du Trésor, au ministère des Finances, où il va suivre les grandes entreprises publiques du secteur aéronautique et défense. En 1993, il entre au cabinet du ministre de l'Economie et des Finances, M. Edmond Alphandéry, en tant que conseiller industriel.

Mais après cinq ans de service public, il se tourne à 33 ans vers le privé et va connaitre une ascension régulière. « Je me suis tourné vers le monde des affaires et j'ai élu l'industrie aérospatiale car elle allie passion, innovation et portée mondiale », dira-t-il.

1995 marque donc son entrée dans le Groupe Lagardère en tant que directeur adjoint de la Stratégie, où il pilotera différents projets d'acquisition et de fusion, contribuant aux opérations de consolidation de ses activités au niveau européen dans le domaine de la défense et de l'espace - missiles et satellites. En 1998, il devient ainsi conseiller spécial auprès de Jean-Luc Lagardère.

En 2000, il est recruté par Airbus où il occupe successivement les postes de directeur du marketing et de directeur du programme long-courriers d'Airbus (A330/A340), avant d'entrer en 2005 au comité exécutif en tant directeur de la Stratégie et de la coopération. A ce titre, il porte le projet A350 XWB jusqu'à la décision de lancement du programme. C’est un succès commercial, avec 913 commandes.

En 2007, il est nommé directeur de la Stratégie d'EADS, la maison-mère d’Airbus.

Une nouvelle ère pour Safran

Olivier Andriès intègre le groupe Safran en 2008 en tant que directeur général adjoint, en charge de la Stratégie et du Développement du groupe. Il est ensuite nommé en 2009 directeur général adjoint en charge de la Défense et de la Sécurité, et membre du directoire de Safran.

Puis, en 2011, il prend la présidence de Turbomeca, devenu Safran Helicopter Engines, où il mènera en quatre ans une profonde transformation de l'entreprise autour d’axes stratégiques tels que la diversification du portefeuille clients, le développement et renouvellement de la gamme de produits, la démarche de compétitivité autour de l'usine du futur. « J'ai réalisé combien il était important d'embarquer et de motiver les équipes en donnant du sens », dira-t-il de cette expérience.


Président directeur général de Turbomeca
 

Ainsi, en 2015, il quitte ce poste pour diriger Safran Aircraft Engines, la principale filiale du groupe. L’ex-Snecma, intégré dans la branche propulsion du groupe, considéré comme « le joyau de la couronne de Safran ».  En effet, la branche représentait, en 2019, 50% du chiffre d’affaires du groupe (10,4 milliards d’euros sur 21 milliards), et les deux tiers de son résultat opérationnel.

A sa tête, il mène la transition entre le moteur CFM56 et le moteur de nouvelle génération LEAP, développé en partenariat avec l’américain GE, en pilotant une montée en cadence inédite pour porter la production à 2 000 moteurs par an. Une réussite qui a probablement pesé dans le choix d’Olivier Andries comme futur patron de Safran.

Le défi LEAP

Copyright : Philippe Stroppa / Safran

A ce propos, il commentera : « En tant que PDG de Safran Aircraft Engines de 2015 à 2020, ma mission était de conduire l'entreprise dans la transition CFM56/LEAP, dont la montée en puissance sans précédent de la production du LEAP et transition vers un nouveau modèle économique basé sur les contrats de services avec tarif à l’heure de vol. Je suis fier de l'engagement total des équipes nous permettant de relever ce défi extraordinaire. »

Enfin, à partir de janvier 2021, il est nommé par le conseil d’administration directeur général et administrateur de Safran pour succéder à Philippe Petitcolin. Un choix logique puisque ce nouveau patron, immédiatement opérationnel, est chargé d’affronter la plus grande crise que le secteur n’ait jamais connue. Mettant à profit sa connaissance fine de l’entreprise, il doit à la fois limiter l’impact financier de la crise, qui ralentit les cadences de production du moteur LEAP, et garantir la préservation des savoir-faire malgré les réductions d’effectif.

Mais la partie est gagnée et, au 1er semestre 2023, les livraisons du moteur LEAP ont augmenté de 69% sur un an, malgré les tensions persistantes sur la chaîne de sous-traitants.

Et, le chiffre d’affaires est en progression de 27,9 % sur un an, se félicite-t-il. Le groupe bénéficie d’une grande visibilité et possède un carnet de commandes pour des moteurs d’avions de nouvelle génération qui s’étend sur plus de cinq ans, avec 10 000 commandes. Une belle réussite, après la crise, pour ce polytechnicien, qu’il attribue à « l’engagement collectif et efficace de chacun ». Quant au futur, celui-ci se dit porté vers la décarbonation de l’aéronautique et à devenir un employeur exemplaire. 

« Cette exigence passe par une accélération de nos plans de formation aux métiers de demain, par le souci permanent de la santé et de la sécurité de nos salariés, par l’amélioration de la qualité de vie au travail et le maintien d’un dialogue social vivant et efficace. Nous nous mobilisons également en faveur de l’égalité des chances et de la promotion de la diversité. » Un dirigeant qui place l’humain toujours au cœur de ses préoccupations.


 

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