Focus sur l'Aerospace MBA de Toulouse Business School © TBS - Toulouse Business School

Focus sur l'Aerospace MBA de Toulouse Business School


Marie CHRISTOPHE
| 29/06/2017 | 2676 mots | AEROCONTACT | EMPLOI & CARRIÈRE

Si la formation des ingénieurs est essentielle, la gestion n’est pas en reste et trouve son pendant à haut niveau. Toulouse Business School a développé depuis plus de 18 ans le Master in Business Administration dédié à l’aérospatial, un programme pointu créé pour répondre aux attentes du secteur. 

Christophe Benaroya, Directeur Aerospace MBA, Professeur de Marketing et Docteur en Sciences de Gestion nous a présenté ce programme, made in France. 

Pouvez-vous nous présenter l’Aerospace MBA de TBS ? 

Le programme a été créé en 1999 avec l’Aerospace MBA, qui fut l’un des premiers MBA spécialisés dans le monde. Il y avait une très bonne convergence d’intérêts entre les acteurs industriels présents dans la région toulousaine, Airbus, ATR, Thalès, le CNES, et un certain nombre de sous-traitants également, comme Latécoère. Tous ces acteurs avaient fait le constat qu’ils avaient de très bons ingénieurs et une très bonne équipe technique, mais déploraient le manque d’une équipe managériale parmi les collaborateurs. Ils se sont rapprochés de nous et nous avons mené ensemble une réflexion pour que nous puissions proposer une formation pour la population travaillant au sein du secteur aérospatial. 
C’était une vraie nécessité sur le marché, on se rendait compte que la technologie ne suffisait pas. 

Comment le programme a-t-il été mis en place au départ ? 

Nous avons commencé avec quelques étudiants au départ, que nous appelons delegates compte tenu de leur expérience, puis nous avons rajouté un programme à plein temps et un autre à temps partiel. S’est ajouté à ces programmes un autre qui s’est créé en Inde à Bangalore en partenariat avec l’Indian Institute de Bangalore (IIB). Avec une vingtaine d’années d’écart, le même constat a été fait en Inde avec des acteurs de l’industrie qui se sont installés à Bangalore, qui est un peu l’équivalent de Toulouse en France, toute proportion gardée. 

Cette spécificité « Aerospace » a permis de proposer des options dans les programmes plus classiques, comme le programme Master des grandes écoles de commerce. Par exemple, le Master Aerospace donne plus de 200 heures de formation dans le secteur, donc les étudiants y sont bien sensibilisés. Nous avons aussi un accord avec l’ENAC avec qui nous proposons un Master de transport aérien, ainsi que d’autres formations de plus courte durée que l’on peut proposer aux entreprises. Cet environnement favorable a aussi donné naissance à une chaire académique de recherche qui s’appelle Sirius et qui est spécialisée dans le spatial, soutenue par Thalès Alenia Space, Airbus Defense & Space et l’Agence Spatiale française qui ont aidé à son développement.

Combien y a-t-il de delegates dans le programme ?

Pour le MBA Aerospace, il y a entre 140 et 150 delegates gérés par le programme sur une année calendaire, sachant que sur une année il y a plusieurs promotions qui se croisent. En moyenne, il y a entre 20 et 40 delegates par programme. Nous restons avec des promotions à « taille humaine », sachant qu’il y a un regain d’intérêt pour les MBA spécialisés dans le monde. 

En effet, il y a un corolaire qui est l’emploi : quand on est sur un MBA spécialisé, enseigné en anglais, sur un marché de niche, cela devient un peu compliqué d’avoir des effectifs en nombre. Dans les normes anglo-saxonnes, par exemple à Harvard aux Etats-Unis, il y a dix promotions en parallèle avec 90 étudiants par promotion. Nous sommes plus sur une approche sur-mesure et qualitative, afin d’avoir une relation privilégiée avec les participants et s’assurer que leur projet est concrètement cohérent avec le marché. 

Qu’est ce qui justifie ce MBA Aerospace ? 

C’est le projet individuel qui fait la différence. Il n’y a pas « d’effet magique » du MBA : ce n’est pas parce qu’on va en avoir un que le salaire va augmenter de 30% ou que l’on va subitement être très demandé sur le marché. Cela peut être le cas, à condition que la participation au programme soit faite en connaissance du périmètre couvert par le MBA, mais ce n’est pas une généralité. Un MBA généraliste permet à des participants qui sont en reconversion ou qui n’ont pas un diplôme d’une école suffisamment reconnue, d’avoir un profil de management consolidé pour couvrir les domaines de la gestion de façon globale en étant adaptables au secteur de la pharmacie, de la chimie, des cosmétiques etc. Ce type de MBA est également bénéfique aux créateurs d’entreprises qui ont l’expérience mais à qui il manque des connaissances en droit, finance, marketing qui vont leur permettre de lancer leur activité post-MBA.

Le MBA spécialisé demande une approche différente : soit le candidat fait déjà partie du secteur aérospatial et veut un meilleur poste ou changer d’entreprise, soit le candidat n’en fait pas partie. Quoiqu’il en soit, l’ensemble du programme va lui permettre d’être totalement adapté au secteur : les études de cas proviennent du secteur, les exemples en marketing, en droit, en finance seront sectorisés, les intervenants sont issus de la filière et donnent des indications nécessaires pour comprendre les enjeux auxquels il faut être sensible pour réussir sa carrière. 

Travaillez-vous en partenariat avec certaines entreprises ? 

Nous avons un fort enracinement avec les entreprises, pour moi c’est indispensable, ça ne peut pas être seulement académique. Nos participants viennent chercher des bonnes pratiques, des surprises managériales, d’autres approches pour considérer le secteur et cela ne peut se faire qu’en étant proche des acteurs du secteur. Nous avons des accords avec ATR, Airbus, Aerospace Valley mais aussi avec des organisations qui permettent à nos étudiants d’assister à des conférences, de rencontrer des acteurs etc. Nous avons aussi des partenariats avec des acteurs du digital. 

Quelle est la moyenne d’années d’expérience nécessaires pour s’inscrire ?

Il faut distinguer le temps partiel et le temps complet, au sein duquel nous demandons en moyenne 10 à 12 ans d’expérience, alors que la réglementation demande 3 ans minimum, ce qui fait 30 à 35 ans.

Pour le temps partiel, nous demandons 13 à 15 ans d’expérience, donc 35 à 40 ans, parfois un peu plus. Le statut des participants varie vraiment en fonction de leurs années d’expérience, bon nombre de temps partiels ont déjà de hautes responsabilités dans leur organisation. 

Comment se passe la sélection à l’entrée ?

Nous sommes très vigilants en amont, nous faisons passer des tests en amont, nous avons des entretiens poussés, nous essayons de voir ce qui est la bonne cohérence entre le bénéfice du programme et ce que nous pouvons apporter à leur parcours.

Il y a des prérequis, sur lesquels nous sommes très vigilants. Il n’y a pas de dérogations : l’expérience professionnelle est indispensable, sans quoi on ne bénéficie pas de la formation de la même façon. Il faut avoir été confronté à la gestion des équipes, des budgets, aux plans de transformation etc. pour que les interlocuteurs sachent rebondir et utiliser au mieux les éléments que l’on va aborder. 

Il y a donc un minimum de diplôme, le bachelor ou équivalent en qualification professionnelle, un minimum d’années d’expérience, officiellement 3 à 5 ans, mais nous demandons plus. L’expérience peut être dans un autre domaine professionnel, il peut s’agir de profils provenant du secteur automobile, de l’univers du rail, du secteur industriel avec une forte partie en supply chain, le secteur de l’énergie ou les IT etc. 

Par ailleurs, on demande un résultat au minimum de 800 à l’examen du TOEIC pour ceux qui ne sont pas originaires de pays anglophones. 

Le MBA est-il accessible aux profils atypiques ? 

Oui, s’il y a une certaine cohérence dans leur projet, ils sont plus que bienvenus. Les participants vont énormément apprendre entre eux, ce qu’on appelle le « peer learning », c’est donc très important qu’il y ait de la diversité dans les profils. Pendant des années, on est resté dans un environnement clos, en se disant que l’aérospatial est destiné aux gens qui font de l’aérospatial, aujourd’hui nous considérons que le secteur doit s’enrichir de profils différents parce que le marché a évolué et évolue encore. Les anciennes pratiques étaient très conservatrices pour des raisons techniques et de sécurité : ces contraintes existent toujours mais on encourage à l’ouverture. Amazon, Google, Apple ou Facebook ont tous des projets et ont secoué le secteur. L’évolution des technologies a bousculé les process. De nouveaux marchés s’ouvrent, on peut par exemple faire du low-cost long-courrier, ce qui était inenvisageable il y a quelques années. C’est donc le moment de considérer l’Aerospace comme une sorte de « hub » qui va ouvrir de nouvelles pratiques. Il y a un rapprochement entre l’espace et l’aéronautique, entre l’aéronautique et l’automobile, les aéroports changent également etc.  Il y a une effervescence dans le secteur qui se retrouve mêlé à d’autres et l’incite à s’ouvrir. 

Quelle est la proportion de delegates français par rapport aux internationaux ?

Il y a toujours des représentants français, mais nous avons beaucoup plus d’internationaux. Sur le MBA à temps complet il y a 20 à 25% de Français et sur le temps partiel maximum 10% de Français. En Inde, il y a très peu de Français. Depuis le début du programme il y a eu 80 nationalités différentes. 

L’évolution du secteur implique donc une adaptabilité sans cesse renouvelée des formations et des programmes ?

Tout à fait, c’est un challenge pour nous. Les choses vont effectivement très vite. Sur le plan académique, il y a un certain nombre de fondamentaux qui ne bougent pas, il y a des ajustements mais pas de révolution. En revanche sur les cas plus concrets, nous renouvelons chaque année nos exemples pour qu’ils soient cohérents avec les dernières pratiques et les évolutions. Nous avons cependant la nécessité de pouvoir vérifier la solidité des modèles ou des nouvelles pratiques avant de les transmettre, c’est important. Cela peut parfois créer un décalage de 2 ou 3 ans, mais il est nécessaire de prendre du recul avant de faire évoluer et enseigner une nouvelle approche. On ne peut pas se permettre de « surfer » sur une nouvelle vague sans qu’elle soit validée. 

Quand a lieu la prochaine rentrée et peut encore s’y inscrire ? 

Elle a lieu en septembre pour le MBA à temps complet. C’est actuellement le bon moment pour envoyer les candidatures.

Quel est le coût de l’Aerospace MBA ? 

A ce jour, un Aerospace MBA à temps plein coûte 30 000 euros et le MBA à temps partiel coûte 35 000 euros.  Pour ce dernier, certaines sessions auront lieu en extérieur à Montréal, Seattle ou d’autres villes aux Etats-Unis, ce qui explique le coût additionnel. Le MBA à temps complet propose aujourd’hui une expérience complète à Toulouse, mais est amené à évoluer vers d’autres sites, pas forcément trop éloignés mais pour varier l’environnement. Le programme sera également remanié d’ici pour proposer davantage d’interaction entre les différentes promotions ainsi qu’un accroissement du contenu spécialisé plus cadré avec moins de modules mais plus de cohérence globale. 

Cet attrait pour ce MBA dénote-t-il un savoir-faire à la française unique à l’échelle internationale ? 

C’est en tout cas un savoir-faire à la française qui sait attirer l’international. Pour que cela fonctionne, il faut vraiment que le programme soit enraciné dans un fort écosystème, ce qui est le cas en France. A l’échelle mondiale, il y a peu d’endroits où il y a autant de présence aérospatiale de qualité. Toulouse rassemble un quart des emplois européens dans le secteur de l’aérospatial, il y a trois constructeurs aéronautiques : Airbus, ATR et Daher-Socata ainsi que deux constructeurs de satellites réunis en un seul et même lieu, ce qui n’existe nulle part ailleurs. 

Il y a aussi nos collègues de Supaéro et de l’ENAC qui forment les ingénieurs et renforcent également le pôle. C’est donc une spécificité de la France qui est un des rares pays dans le monde à maîtriser l’ensemble du processus d’un avion. Il y a une alchimie particulièrement efficace. 

Propos recueillis par Marie CHRISTOPHE

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