Un entretien avec Lucie Morisset, DRH de Mecafi.
Quels sont les challenges de votre activité ?
Notre secteur d’activité est en plein développement. Nous avons signé un important contrat avec Safran pour développer certaines pièces du moteur nouvelle génération LEAP, destiné à équiper les avions monocouloirs. Développé par Safran Aircraft Engines et GE, ce moteur intègre le meilleur de la technologie pour une haute performance.
Le challenge des sous-traitants aéronautiques consiste à assurer la montée en cadence historique pour la production des pièces de ce moteur. Ce défi devra s’opérer en 5 ans, alors que le moteur précédent a bénéficié de 10 ans. Face à cet enjeu, nous avons opté pour la création d’une usine moderne intégrée, alliant nos deux activités sur un même site : l’usinage de précision et les procédés spéciaux. Les technologies développées pour réaliser ces pièces de très haute technicité, nous ont amenés à intégrer de multiples métiers : traitement de surface, CND, collage, soudure, peinture, contrôle ultra-son, …
Nous avons actuellement 560 collaborateurs et nous recrutons encore 70 personnes en 2018.
De quels profils avez-vous besoin à l’heure actuelle ?
Il existe une pénurie d’usineurs sur le marché du travail, en particulier des profils expérimentés. Notre politique d’embauche est intensive puisqu’en deux ans nous avons asséché le bassin d’emploi local, en recrutant plus de 200 collaborateurs. Nous intégrons aussi bien des personnes de niveau CAP, baccalauréat professionnel que des candidats titulaires d’un BTS. Outre les usineurs, nous recherchons par exemple des monteurs, des tourneurs…
Comment faites-vous alors pour avoir les compétences dont vous avez besoin ?
Pour faire face à nos besoins croissants, nous avons été contraints de créer dans un premier temps un parcours de formation spécifique en partenariat avec Pôle emploi. Nous avons également opté pour le développement d’une école interne qui devrait voir le jour à la fin du premier semestre. Pour cela, nous avons constitué un groupe de travail afin de définir l’ensemble de nos besoins et d’identifier les formateurs potentiels au sein de notre entreprise. Nous avons également décidé de dédier spécifiquement des machines à des fins pédagogiques.
Avez-vous également décidé d’ouvrir vos recrutements à d’autres types de compétences ?
Oui, nous avons été contraints de nous ouvrir à des profils plus diversifiés qui ont du mal à se positionner sur le marché du travail. Typiquement, nous avons recruté d’anciens boulangers ou des personnes de la restauration qui avaient suivi un parcours de reconversion professionnelle dans notre domaine. Nous continuons de mener des opérations avec Pôle emploi et nous recevons de nombreuses candidatures. Toutefois, il est vrai que nous ne pouvons pas intégrer trop de personnes éloignées de notre cœur de métier car cela nécessite beaucoup d’investissement en matière d’actions de formation.
Les filières techniques sont-elles toujours un choix par défaut des jeunes ?
C’est vrai qu’elles ont un problème d’image et les jeunes se tournent vers elles souvent par dépit. Il nous revient avec les enseignants de leur prouver qu’elles peuvent déboucher sur des métiers et des parcours de carrière intéressants. Il est important d’informer dès le collège sur les opportunités que ces filières offrent par la suite. De notre côté, nous organisons de nombreuses visites d’entreprise pour montrer que nos conditions de travail sont agréables avec des machines modernes et performantes.
Notre objectif est d’être perçu comme une Industrie 4.0 et nous travaillons beaucoup sur les questions de qualité de vie au travail et d’ergonomie des postes. Mécafi, c’est avant tout une belle aventure humaine dans une société en pleine croissance.
Propos recueillis par Alice Picard