Dirigeables : le futur de l'aviation décarbonée ?

Voilà plus de deux siècles - le 21 novembre 1783 - deux Français, Jean-François Pilâtre de Rozier et François Laurent d'Arlandes, effectuaient le premier vol habité en montgolfière. De cette invention révolutionnaire naissait l'aviation. Aujourd’hui, héritiers directs des ballons, les dirigeables sont de retour sur le devant de la scène.

Il existe de nombreux projets en cours de développement en raison de leurs avantages. Ils sont plus silencieux, plus économiques et plus écologiques que les avions traditionnels. Ces dirigeables sont aussi plus stables que les aéronefs actuels et ils peuvent atterrir sur des terrains non préparés. Tour d’horizon des projets les plus remarquables.

Dirigeable : retour vers le futur

Ce regain d’intérêt s’explique en raison de leur attractivité pour les entreprises et les gouvernements qui cherchent à réduire leur impact environnemental. Aussi, grâce aux technologies modernes, telles que les moteurs électriques et les matériaux composites, les dirigeables sont conçus de manière plus efficace et plus sûrs. Au-delà du transport de passagers et de fret, ceux-ci pourraient se consacrer à des missions de secours, de surveillance, de communication ou de tourisme.

Ces dernières années, plusieurs projets de dirigeables innovants ont vu le jour dont le LCA60T de Flying Whales, le Stratobus de Thales Alenia, l’Airlander 10 de HAV, ou encore l'Air Yacht de Lazzarini Design Studio.

Le projet Flying Whales

Le LCA60T de la société française Flying Whales est un dirigeable cargo à hélium conçu pour transporter des charges lourdes et volumineuses, telles que des composants d'éoliennes ou des pièces de construction.

Le LCA60T est conçu pour être un moyen de transport alternatif, particulièrement pour des régions inaccessibles par la route. Avec une longueur impressionnante de 200 mètres et un diamètre de 50 mètres, son volume d’Hélium atteint 180 000 mètres cubes.

Une formule 1 des airs

Ce dirigeable est propulsé par quatre moteurs diesel de 1 000 chevaux chacun. Il peut transporter une charge utile de 60 tonnes et voler à une vitesse de croisière de 70 km/h (38 nœuds) et atteindre la vitesse impressionnante de 100 km/h (54 nœuds) pour un plafond de vol à 3 000 m (10 000 ft).

Le dirigeable repose sur un système hybride qui combine un moteur à combustion interne relié à un générateur pour produire de l'électricité, laquelle est ensuite transmise à des moteurs électriques qui propulsent le dirigeable à l'aide d'hélices. Vers la fin de la décennie, il est prévu de remplacer cette partie thermique de la propulsion par une production d'énergie à partir d'une pile à hydrogène verte, réduisant ainsi encore davantage l'impact environnemental du LCA60T.

En termes d'impact environnemental, le transport par LCA60T est considérablement plus sobre qu'un hélicoptère, par exemple, car il ne nécessite pas de dépense énergétique supplémentaire pour surmonter la gravité. Selon les types de missions, il consommera 10 à 30 fois moins de carburant qu'un hélicoptère. L'analyse du cycle de vie d'un LCA60T montre que l'impact environnemental principal est celui du kérosène, malgré l'utilisation d'un système de propulsion électrique hybride.

Après un premier vol d'essai réussi en 2021, Flying Whales envisage de faire voler le premier LCA60T en 2025 et prévoit de fabriquer 150 aéronefs au cours des 10 prochaines années. L'entreprise franco-canadienne a commencé à développer ce dirigeable spécifiquement pour le transport de ressources en bois renouvelables depuis des endroits isolés​​.

Le Stratobus de Thales Alenia

Thales Alenia, de son côté, développe un dirigeable stratosphérique de grande taille baptisé Stratobus. Mesurant 100 mètres de long et 40 mètres de diamètre, il est équipé de deux moteurs électriques de 100 kW chacun. L'appareil peut voler à une altitude de 20 kilomètres et rester en position stationnaire pendant plusieurs jours.

Conçu, donc, pour des missions de surveillance et de communication, il peut être doté de capteurs radar infrarouges ou électromagnétiques et ratisser de larges zones comme les frontières. Certaines zones maritimes et des zones de conflit ou encore, être utilisé pour observer des événements naturels, tels que des incendies ou des inondations.  

Il est également capable de relayer des communications entre des points éloignés, tels que des navires en mer ou des bases militaires dans des zones reculées et fournir une connexion Internet à des zones mal desservies, ce qui le rend plus économique qu’un satellite, car n’ayant pas besoin d’être lancé en orbite.

Enfin, il pourrait être utile pour des missions de recherche scientifique, comme l'observation de l'atmosphère ou l'étude des changements climatiques.

Prévu pour être mis en service dès 2025, l'entreprise a déjà reçu des commandes de plusieurs gouvernements, d’entreprises de télécommunications et de défense.

Le projet Airlander 10

Mesurant 91 mètres de long pour 38 000 mètres cubes de volume, le Airlander 10 est propulsé par quatre moteurs diesel V8 Thielert Centurion de 325 ch (242 kW), il peut atteindre une vitesse maximale de 35 nœuds, soit 65 kilomètres par heure. Il peut également rester en vol pendant cinq jours avec un équipage. Et plus de deux semaines, sans équipage.

Avantages écologiques et acoustiques

Silencieux, tant dans la cabine que lors du décollage et de l'atterrissage, grâce à la non-pressurisation de l'appareil et à la propulsion par moteurs à pistons ou électriques, le colosse consomme aussi, moins de carburant que les avions traditionnels. Avec sa coque remplie d'hélium, il requiert beaucoup moins de puissance pour voler, ce qui réduit considérablement ses émissions de gaz à effet de serre, en comparaison avec l’aviation traditionnelle.

Capable d’atterrir sur n’importe quel terrain, le dirigeable pourrait devenir indispensable dans le transport de passagers, dans des opérations humanitaires ou de recherche, le fret, les communications et la surveillance.

Une fois la certification avec l'Autorité de l'Aviation civile obtenue, l’Airlander 10 devrait être opérationnel dès 2024.

L'Air Yacht de Lazzarini Design Studio

Le studio de design italien Lazzarini Design Studio a dévoilé un concept de yacht volant futuriste baptisé Air Yacht. Ce concept combine les avantages d'un yacht traditionnel avec ceux d'un avion.

Un concept de yacht volant révolutionnaire

L'Air Yacht est un catamaran à deux ponts d'une longueur de 120 mètres. Il est propulsé par quatre moteurs électriques qui lui permettent de voler à une altitude de 10 000 pieds. Le yacht pourra également naviguer sur l'eau à une vitesse de 25 nœuds.

L'intérieur de l'Air Yacht est luxueux et confortable. Il dispose de six suites, d'un spa, d'un cinéma, d'une salle de sport et d'une piscine. Le yacht dispose également d'un héliport et d'un hangar à avion.

Un concept ambitieux

L'Air Yacht est un concept ambitieux qui pourrait révolutionner le marché des yachts. Il offre une nouvelle façon de voyager et de profiter de l'eau. Il est entièrement électrique, ce qui le rend respectueux de l'environnement. Ce yacht "volant" dispose d'un héliport et d'un hangar à avion, ce qui permet aux passagers de se déplacer rapidement et facilement.

L'Air Yacht est encore au stade de concept. Cependant, il est un excellent exemple de ce que l'avenir des yachts pourrait nous réserver.

Le dirigeable, une solution prometteuse pour une aviation décarbonée

Longtemps considérés comme un mode de transport aérien dépassé et peu fiable, les progrès technologiques récents ont permis de rendre les dirigeables plus sûrs, plus efficaces et plus écologiques.

Silencieux et plus flexibles, ils sont une solution prometteuse pour le transport aérien dans les années à venir.