France 2030 : l'État français investit massivement pour décarboner le secteur de l'aéronautique
© Airbus ZEROe 6 pods concept plane : Ce concept entièrement électrique (jusqu'à 100 passagers) a été révélé en décembre 2020, est capable de parcourir 1000 NM et repose sur un système de propulsion entièrement électrique alimenté par des piles à combustible.

France 2030 : l'État français investit massivement pour décarboner le secteur de l'aéronautique


Sabine Ortega
| 26/12/2023 | 1999 mots | AEROCONTACT | INDUSTRIE TECHNOLOGIE

Le plan d'investissement France 2030, lancé par le Président de la République Emmanuel Macron en octobre 2021, traduit une double ambition : transformer durablement des secteurs clefs de notre économie (énergie, automobile, aéronautique ou encore espace) par l’innovation technologique, et positionner la France non pas seulement en acteur, mais bien en leader du monde de demain. De la recherche fondamentale, à l’émergence d’une idée jusqu’à la production d’un produit ou service nouveau, ce plan soutient tout le cycle de vie de l’innovation jusqu’à son industrialisation.

Le volet aéronautique du plan France 2030 apporte 1,2 milliards d’euros de nouveaux crédits, avec un objectif : développer en France un avion bas carbone à l’horizon 2030. Sur cette enveloppe, 800 millions alimenteront la feuille de route technologique du Conseil pour la Recherche Aéronautique Civile (CORAC), partagée entre l’Etat et les industriels et 400 millions seront dédiés aux acteurs émergents de l’industrie aéronautique.

Le plan d’investissement France 2030

Le CORAC, instauré en juillet 2008, avait déjà bénéficié de près de 1,6 milliards d’euros entre 2020 et 2022, dont plus de 1 milliards engagés en 2021, ce qui a permis de soutenir les investissements en R&D de 348 sites aéronautiques. Les projets soutenus portent sur les nouveaux moteurs ultra-sobres, l’hybridation électrique, l’avion de ligne à très faible consommation, l’avion à hydrogène, les hélicoptères hybrides ou électriques, la capacité d’incorporation de 100% de carburants aéronautiques durables dans les moteurs, ou encore les opérations aériennes optimisant les trajectoires pour réduire la consommation de carburant.

Ces projets, pour la plupart partenariaux (jusqu’à 40 partenaires pour les projets de plus grande ampleur), bénéficient de manière directe à 185 sociétés (dont 170 équipementiers, PME et ETI) et 35 laboratoires publics. Le dispositif d’accès simplifié pour les PME et ETI de la filière « CORAC-PME » lancé en 2020, a déjà permis à 55 d’entre elles d’intégrer les projets du CORAC, dont plus de 20 en tant que leader de projet.

Un avion de ligne bas-carbone

Ce projet est mené par le consortium CORAC, qui regroupe les principaux acteurs de l'industrie aéronautique française. Le premier vol de l'avion de ligne bas-carbone aura lieu en 2028 et l'avion devrait entrer en service commercial en 2035.

Des matériaux composites pour les avions

Projet mené par le CNRS, l'ONERA et l'Université de Toulouse. Les chercheurs travaillent sur le développement de nouveaux matériaux composites à base de fibres de carbone et de polymères biosourcés.

Des systèmes de propulsion électriques ou hybrides pour les avions

Projet mis en place par le CEA, l'ONERA et l'Université de Bordeaux. Les chercheurs travaillent sur le développement de nouveaux moteurs électriques et hybrides pour les avions.

Premier vol pour l'avion hybride-électrique EcoPulse

L'industrie aéronautique a franchi une nouvelle étape vers un avenir plus vert avec le premier vol du démonstrateur EcoPulse, un avion à propulsion hybride-électrique distribuée. Ce projet ambitieux, mené en coopération par Daher, Safran et Airbus, vise à révolutionner la technologie de propulsion aérienne et à contribuer à la décarbonation de l'aviation.

Lire égalment l'article "EcoPulse : premier vol réussi pour le démonstrateur Hybride-Électrique".

Des technologies de production d'avions plus efficientes 

Mené par le GIFAS, l'association des industriels français de la construction aéronautique et spatiale. Les industriels travaillent sur le développement de nouvelles technologies de production additive, de recyclage et de réutilisation des matériaux.

Des satellites de communication 

Sous la direction du CNES, l'agence spatiale française afin de développer de nouveaux satellites de communication à haute débit et à faible consommation d'énergie.

Des systèmes de navigation par satellite

Projet également mené par le CNES afin de développer un nouveau système de navigation par satellite européen, Galileo.

Des systèmes de défense spatiale

Sous l’égide du ministère des Armées afin de développer de nouveaux systèmes de défense spatiale pour protéger les satellites et les infrastructures terrestres des menaces spatiales.

Des satellites d'observation de la Terre

Projet mené par l'ESA, l'agence spatiale européenne pour concevoir de nouveaux satellites d'observation de la Terre à haute résolution et à large spectre. Le consortium composé d’Arianegroup, Eutelstat, Magellium, Sodern et Safran Reosc va développer un service de données par déploiement de capteurs optiques multi-orbites tandis qu’un autre, porté par U-Space, Airbus et 3D Plus, prévoit la conception d’un satellite spécialement conçu pour observer les objets spatiaux.

Le dispositif « Produire en France des Aéronefs bas carbone »

Il a comme objectif de soutenir les meilleurs projets de recherche, de développement et d’industrialisation en accompagnant des initiatives ambitieuses et rapidement industrialisables sur le territoire français, portées plus particulièrement par 2 des acteurs émergents, aptes à devenir des compétiteurs de niveau mondial et à même d’introduire sur le marché des briques technologiques et des aéronefs bas carbone (aviation électrique, hybride, taxis volants, etc.).

Doté de 100 M€, iI vise à identifier des projets qui sont suffisamment matures pour entrer, au terme du projet, dans une production industrielle ou préindustrielle, et permettre, en cas de succès, d’atteindre l’étape d’une commercialisation d’un volume significatif ou l’industrialisation d’un procédé.

9 projets ont été retenus à l’issue de l’examen des candidatures déposées lors de la 1ière relève de l’AAP. Ces projets représentent 49,3 M€ d’aides de l’Etat pour 125 M€ d’investissement cumulés. Ils sont portés par des avionneurs et équipements émergents ou plus matures. Ils cherchent à lever des verrous techniques importants et visent des nouveaux marchés, en particulier celui de l’aviation légère bas carbone. Au regard de leur nature même et de l’exigence particulière du monde de l’aéronautique, les projets sont très risqués sur les plans technologiques, économiques et industriels :

ATEA ASCENDANCE FLIGHT TECHNOLOGIES : développement, fabrication et essais au sol et en vol du premier prototype à l’échelle 1 d’ATEA, avion à décollage et atterrissage vertical, à énergie hybride. Occitanie

BEYOND AERO Beyond Aerospace SAS Conception : fabrication et test au sol un système propulsif à pile à combustible de 2x300kW, pour avion d’affaires. Occitanie

CASSIO 330 VOLTAERO TRIUMPH CONTROLS France AKIRA TECHNOLOGIES : développement du CASSIO 330, un avion à chaine propulsive électrique/hybride transportant 5 personnes. Il est composé d’un moteur thermique, compatible avec des bio-carburants, hydrogène et d’un moteur électrique fonctionnant grâce à des batteries au lithium. Nouvelle-Aquitaine

FLAM2 VELICA SAS DAHER AEROSPACE ENSMM : développement et validation d’un outil de prévision de l’apparition du phénomène de flottement pour les aéronefs d’aviation légère et régionale. Bretagne

FLYCERA ISP SYSTEM SERMA INGENIERIE : développement d’actionneurs électromécaniques, rotatifs et intelligents pour les gouvernes de vol d’aéronefs d’aviation légère et régionale. Occitanie

GUIMBAL G5 : développement, fabrication et essais des systèmes du futur hélicoptère Guimbal Cabri G5. Provence-Alpes-Côte d'Azur

LIGNE PILOTE MBJ JPB SYSTEME : développement d’une ligne pilote de fabrication de pièces aéronautiques pour les aéronefs bas carbone avec le procédé de fabrication additive « MBJ » et réalisation de la pré-industrialisation des pièces. Ile-de-France

PREFAB BLUE SPIRIT AERO DASSAULT SYSTEMES SOBEN : réalisation d'un prototype du Dragonfly de BSA, avion à propulsion électrique distribuée à hydrogène, et son jumeau numérique. Ile-de-France

ELIXIR AIRCRAFT ELIXIR AIRCRAFT : industrialisation du biplace monomoteur VFR et développement d'un avion de taille plus importante compatible avec les carburants durables. Nouvelle-Aquitaine

Les acteurs émergents

France 2030 prévoit aussi 200 M€ pour soutenir des acteurs émergents, qui développent de petits avions électriques et à hydrogène.  Ainsi, le projet BeautHyfuel, est porté par deux startups Turbotech et Elixir Aircraft. D’une durée de 30 mois, il a pour ambition de développer un système de propulsion cryogénique hydrogène complet (du réservoir au moteur) pour l’aviation légère et d’en effectuer une pré-intégration sur avion, avec la perspective d’aboutir, à la fin d’une deuxième phase, à des essais en vol et à la certification d’un avion léger hydrogène cryogénique. Ce projet est soutenu à hauteur de 3,6 M€ par France Relance dans le cadre du CORAC-PME. Les premiers essais des moteurs à hydrogène auront lieu dès cette année.

La filière spatiale bénéficie de son côté de 1,5 milliard d'euros. Bpifrance est chargé d’accorder les subventions, et le Centre national d’études spatiales (CNES) de soutenir les projets par des contrats d’achat de produits et de services. Le CNES sélectionnera prochainement des projets de mini ou microlanceurs, qui bénéficieront de 400 M€ de financement public. « notre objectif est de retenir le plus grand nombre de projets parmi ceux qui ont postulé : MaiaSpace, Latitude, Opus Aerospace, Dark et Sirius », explique Jean-Marc Astorg, directeur de la stratégie du CNES. L’objectif visé par France 2030 est de faire voler une mini fusée française en 2026.

Après avoir mis en place en juin 2020 un plan de soutien à l’aéronautique et au spatial, l’état a décidé de « tripler son effort sur la période 2024-2030 ». Ces investissements devraient permettre aux entreprises françaises de rester compétitives face à la concurrence internationale notamment celle de la chine et contribuer à la transition écologique et à la souveraineté du pays.


 

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