La Marine recrute des pilotes © Marie CHRISTOPHE - Cap 10 de la Marine / Capitaine de frégate Damien DUBOIS, Commandant de l’EIP/50s et le Lieutenant de vaisseau Freddy B., Moniteur à l’EIP/50s

La Marine recrute des pilotes


Marie CHRISTOPHE
| 08/06/2017 | 1555 mots | AEROCONTACT | EMPLOI & CARRIÈRE


A l’occasion du meeting de la Ferté-Alais, nous avons pu croisé le Cap 10 de la Marine sur lequel les sélections en vol sont effectuées. Les jeunes recrues nous ont fait part de leur motivation, sourire aux lèvres, le regard déjà tourné vers leur carrière. « Les gens n’ont pas forcément le réflexe de se tourner vers la Marine pour devenir pilote, mais c’est une excellente opportunité ».

Pour en savoir plus, nous avons échangé avec le Capitaine de frégate Damien DUBOIS, Commandant de l’EIP/50s, ainsi que le Lieutenant de vaisseau Freddy B., Moniteur à l’EIP/50s

Pourquoi passer par la Marine pour devenir pilote ?

Dans l’aéronautique navale, nous sommes découpés en petits équipages, nous sommes également très polyvalents. Le fait d’être embarqué sur porte-avions aussi est un aspect attrayant. Voler en patrouille maritime est aussi quelque chose de particulièrement intéressant. Enfin, le fait de pouvoir apponter sur un porte-avion est souvent ce qui attire les jeunes. La vie à bord pendant plusieurs mois est également une expérience incroyable.

Comment se passe le recrutement ?

C’est une chance que donne la Marine aux jeunes qui veulent être pilotes. Le recrutement se passe en deux phases, une phase de présélection pendant laquelle les jeunes sont sélectionnés sur des tests psys, des tests d’anglais et une vérification de leurs aptitudes médicales. Nous échangeons sur leur projet professionnel car pour devenir pilote militaire il est nécessaire d’y avoir réfléchi en amont. La deuxième partie de la sélection se passe en vol, c’est ce que nous faisons à l’EIP/50s. Le but de la sélection en vol est de vérifier les aptitudes des candidats pour être sûr qu’ils puissent réussir dans cette filière, afin que ni le candidat, ni la Marine ne perdent de temps. Nous avons un taux de réussite de 93% au Brevet de pilote militaire.  

 Quels sont les prérequis ?

Il faut avoir le baccalauréat, avoir entre 17 et 25 ans au moment du dépôt du dossier et avoir de bonnes connaissances en anglais : cette langue est importante, un quart des éliminés aux présélections, le sont à cause de l’anglais. Aller seul pendant 3 ou 4 mois en pays anglophone et n’échanger qu’avec des anglophones peut être une excellente préparation. Pour le recrutement nous sommes sur un anglais généraliste afin de pouvoir vivre aux Etats-Unis au sein de l‘US Navy pour les pilotes de chasse. Il s’agit donc de pouvoir comprendre la langue, s’exprimer, se présenter etc.. En point de repère, nous pouvons citer l’examen du TOEIC pour lequel nous demandons 795 points, ce qui correspond au niveau que nous attendons à l’entrée.

Sur quels critères les candidats sont-ils jugés ?

Il faut des personnes qui ont de bonnes capacités de travail et de remise en question, c’est un métier de passion, mais ils vont être aussi jugés sur leur comportement et leur motivation. En vol on regarde leur capacités, liés à la courbe de progression et d’assimilation qu’ils sont capables d’avoir. Pour gommer les différences entre ceux qui ont beaucoup d’heures de vol et ceux qui en ont moins, nous allons surtout regarder la boucle détection/analyse/correction, c’est-à-dire que s’il y a un paramètre sur lequel il y a un écart, nous allons observer à quel moment l’élève le détecte, quelle est sa capacité d’analyse pour effectuer une correction appropriée et revenir dans sa mission, puisque c’est ce que nous allons attendre de lui tout au long de sa carrière. La capacité de réaction est différente entre les individus, elle est différente en vol et elle est encore différente dans le cadre d’un vol militaire, avec tout le stress que cela peut engendrer. C’est donc tout l’objet de la sélection.

Comment se passe la sélection en vol ?

Les vols sont mis en place pour quelqu’un qui n’a effectué aucune heure de vol, on peut se présenter sans aucune notion, la sélection est faite pour cela et nous allons justement juger une capacité de progression. Nous avons des candidats qui ont beaucoup d’heures de vol, d’autres une vingtaine d’heures. L’expérience montre que l’idéal c’est peut-être un candidat qui a une petite quinzaine d’heures de vol, qui a été lâché en aéro-club. Mais quelle que soit l’expérience aéronautique, les candidats ont les mêmes chances de réussite au final. Les capacités intrinsèques de l’individu varient assez peu en fonction du nombre d’heures de vol en amont ; le fait d’avoir déjà volé, d’avoir découvert la troisième dimension peut éventuellement permettre d’évacuer un certain stress, mais il va de toute façon revenir par la suite dans le cadre de la sélection en vol. Nous disons souvent que pour aller loin et vite, il faut un moteur et de l’essence, le moteur se sont les capacités intrinsèques propres à chaque individu et la motivation ce sera l’essence.

Sur quelles machines pourront-ils voler par la suite ?

Nous disposons de trois composantes équilibrées, avec une répartition de 30% de chaque.  Il y a tout d’abord les chasseurs : le Rafale et le Hawkeye. Il y a ensuite les hélicoptères : le principal étant le NH 90. Il y a également le Lynx, le Panther, les Dauphins et les Alouettes pour la formation. Enfin, la troisième composante est la patrouille de surveillance maritime avec l’Atlantique 2 accompagné des Falcon 50, des Falcon 200 et le Xingu qui sert à acquérir des qualifications aéronautiques pour nos jeunes pilotes, ainsi que les Falcon 10 qui servent à l’entretien des chasseurs.

Vous recrutez actuellement, des jeunes hommes et jeunes femmes ?

Oui, il y a malheureusement peu de jeunes femmes qui se présentent. Il y a le même taux de réussite chez les hommes et les femmes, c’est un métier ouvert, cela se passe très bien pour nos collègues femmes pilotes. Mais sur 200 candidatures masculines, nous en avons une petite dizaine de féminines, la proportion à l’arrivée est donc la même. C’est vrai que c’est un métier qui demande de l’exclusivité et ne permet pas de coupure à n'importe quel moment pour la maternité, c’est donc un choix, mais cette situation est répandue dans beaucoup de secteurs aujourd’hui, cela n’a rien d’exceptionnel, c’est une décision à prendre par rapport à son parcours de vie.

(Au Lieutenant Freddy B. uniquement) Au départ cela peut sembler inaccessible ?

Oui, pour ma part j’avais beaucoup d’a priori, je ne pensais pas avoir le profil idéal et les études ce n’était pas mon truc. Mais ma motivation m’a permis de révéler mes capacités et j’ai donc réussi à devenir pilote militaire. Il ne faut pas se fermer les portes ou se laisser fermer les portes, il faut tenter. Je rencontre beaucoup de jeunes qui ont 25 ans et pour qui c’est trop tard. Ils regrettent de ne pas avoir essayé. Ce n’est pas l’institution qui leur a dit non, ce sont eux qui se le sont interdit. Donc si vous avez des doutes, venez nous voir !

Propos recueillis par Marie CHRISTOPHE


 

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